Les prochaines journées d’études et de formations des Ingénieurs hospitaliers de France (IHF) du 4 au 6 juin à Lyon seront placées sous le signe de la durabilité. Pourquoi ce choix ?
Après avoir abordé la baisse des consommations d’énergie comme moyen d’action immédiate l’an dernier, nous souhaitons mettre l’accent sur des actions structurantes à long terme,pour que les hôpitaux de demain soient efficients sur plusieurs années. L’implantation du bâtiment, les liens avec le territoire et plus particulièrement avec les transports, l’utilisation d’énergies renouvelables, le raccordement aux réseaux de chaleur urbain … sont autant de points à étudier, qui impliquent de mener une stratégie de long terme.
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Les bâtiments de santé certifiés HQE
Justement, Certivea lançait à l’automne 2023 la certification HQE bâtiment durable dédiée aux établissements de santé. Qu’est-ce que cela implique pour l’IHF ?
Cette certification comprend 22 indicateurs qui traitent de tous les sujets nécessaires pour concevoir des bâtiments durables : confort, économie d’énergie, air, eau, onde électromagnétique, bio construction, gestion des déchets, accessibilité depuis les transports en commun, etc. En travaillant avec le certificateur, nous pouvons améliorer le niveau de performance des hôpitaux dès la programmation en maîtrisant les coûts. Surtout, ces indicateurs sont partagés par l’ensemble du secteur, ce qui permet les comparaisons des performances pour tendre vers l’excellence.
Quelles sont les moyens d’atteindre cette excellence aujourd’hui ?
Au-delà d’une bonne isolation thermique et de la maîtrise de l’énergie qui sont les pièces maîtresses pour tous bâtiments, les hôpitaux neufs devront être adaptables, agiles, munis de plateaux libres qui pourront être reconfigurés selon les activités hospitalières.Mais surtout, dans une logique de durabilité, ils devront pouvoir s’inscrire au cœur des sites existants.
D'ailleurs, nous constatons que la généralisation des réhabilitations se dessine nettement et c’est positif. En effet, les hôpitaux anciens sont déjà intégrés dans la ville, et leur réutilisation plutôt que leur démolition est le premier pas pour limiter les émissions de carbone. En la matière, le secteur hospitalier se mobilise pour créer une filière de recyclage des déchets de démolition. Plusieurs CHU travaillent avec des industriels à même de recevoir et de recycler les déchets de chantier, le plâtre ou le verre, encore massivement jetés et enfouis. Le congrès sera d’ailleurs l’occasion de nouer des relations sur ce thème. L’usage des matériaux biosourcés semble aussi structurant afin d’améliorer le confort.
A titre d’exemple, l’Ehpad de Montbrison (Loire), bâtiment qui doit bientôt être livré, a été conçu selon une approche globale, qui mêle construction bioclimatique, géothermie, panneaux solaires, systèmes de régulation, etc.
La qualité de l'air intérieur sur le devant de la scène
Cinq ans après la pandémie de Covid-19, le sujet de la qualité de l’air intérieur reste-t-il prioritaire ?
Tout à fait, ce sujet fait partie des attentes fortes du secteur pour améliorer les performances des établissements de santé. Autant nous maitrisons parfaitement le traitement d’air dans les salles d’opération, autant nous pouvons apporter des améliorations à la qualité de l’air ambiant pour la gestion des polluants, des composés organiques volatils et la contamination par virus aéroporté. Avec une difficulté majeure : ces établissements sont à la fois des lieux de travail et des lieux d’accueil de public parfois fragile.
Le Décret tertiaire concerne le secteur hospitalier, avec un premier objectif à atteindre cette fois-ci dans cinq ans. Comment abordez-vous cette nouvelle obligation ?
Il faudra baisser de 40 % les consommations énergétiques en 2030 ! Si le premier pas avec des actions immédiates a déjà permis à bon nombre d’hôpitaux d’atteindre, 5, 10 voire 15 % d’économie, nous allons devoir changer de registre pour atteindre les 40 %. Ce ne sera pas facile, car ce nouveau cap implique de mener des investissements lourds et de long terme, en valorisant les mix énergétiques pour sécuriser les approvisionnements et mieux gérer la facture. Ce sera un des points clés qui sera abordé lors du congrès.
Aux Hospices Civils de Lyon, le bâtiment Baureals, rassemblant un nouveau plateau technique de 28 salles d’opération, un service de réanimation et un service d’urgence, se greffe sur un hôpital ancien. © Michel Rémon & Associés
Quels sont les grands chantiers hospitaliers en ce moment ?
Lors du congrès, nous proposons la visite d'un chantier emblématique, celui des hôpitaux de Lyon Sud, un projet qui représente un investissement de 150 millions d’euros. Le bâtiment historique des années 1970 se voit réhabilité et greffé d’une extension. Il y a plusieurs intérêts à cette réhabilitation. Le premier étant de garder en fonctionnement l’activité hospitalière déjà présente dans le territoire. De plus, ce projet s’accompagne de l’extension d’une ligne de métro, qui arrive au pied de l’hôpital. En concertation avec le territoire, nous sommes aussi en train de travailler autour de la création d’un réseau de chaleur urbain. Certes, il est plus complexe à monter et implique des partenariats de long terme, mais il s’inscrit justement dans une approche... durable.
