L'image d'une ville liée à celle de sa rivière

La ville de Cran-Gevrier (Savoie), 17 000 habitants, s'est constituée autour du Thiou, une petite rivière de 3,5 km qui relie le lac d'Annecy et le Fier. Attirées par sa force motrice, les industries (papeteries, tanneries, filatures, forges...) se sont installées, au fil des siècles, sur ses rives, suscitant la formation d'une ville industrielle et ouvrière dont Cran gardait l'image négative.

« Le Thiou a longtemps renforcé cette image : polluée par l'activité industrielle, la rivière servait aussi d'assainissement à Annecy, qui se trouve en amont », précise Michel Delleur, directeur général adjoint de la ville de Cran-Gevrier, chargé du développement urbain. Dans les années 60, la ville connaît à la fois une urbanisation rapide et mal maîtrisée, et le déclin des industries traditionnelles. La fermeture des filatures laisse, notamment, une friche de 5 hectares face à l'actuel hôtel de ville, seul élément de centralité dans une commune qui n'a pas de centre. « Ce terrain nous donnait l'opportunité de créer un centre-ville. Nous avons donc commencé par le protéger grâce au plan d'occupation des sols, car nous redoutions, par-dessus tout, que le propriétaire ne le vende par morceaux, interdisant ainsi tout aménagement d'ensemble. »

Pour mener la réflexion sur ce futur centre-ville, la municipalité commande une étude préalable à une équipe pluridisciplinaire menée par l'urbaniste Jean Dumigny. « En analysant le site, ils ont trouvé le Thiou. Perdue dans les ronces, transformée en égout à ciel ouvert, la rivière était oubliée, inaccessible en de nombreux endroits, perdus au bout de jardins privés. L'équipe a immédiatement proposé d'en faire un atout, de s'appuyer sur elle pour réaliser l'opération d'urbanisme. »

La renaissance du Thiou a commencé par la reconquête des berges. En 1986, l'acquisition des morceaux de parcelles qui longent la rivière est initiée : les propriétaires cèdent gratuitement leurs parts de rives à la ville qui, en échange, prend l'aménagement des berges à sa charge. Une promenade a donc été créée le long du Thiou soigneusement nettoyé, avec un parti pris d'aménagement le plus naturel possible (enrochements, passerelles de bois...). Elle permet de rejoindre le lac d'Annecy en vingt minutes.

Mais la rivière a aussi été utilisée pour l'opération coeur de ville, commencée en 1989, et menée par l'urbaniste Pierre Sobota. Réutilisant certains éléments de la filature (dont une cheminée), il a créé une île artificielle sur laquelle devraient être édifiés, à terme, le nouvel hôtel de ville et un écomusée de la vie industrielle. « Avec ce canal qui entoure l'île, la rivière fait son entrée en ville », estime Michel Delleur. La présence de l'eau est encore renforcée par un jeu de fontaines qui anime places et espaces publics.

Enfin, le futur centre de culture scientifique, technique et industrielle (CSTI) qui sera construit à proximité du Thiou, fera tout naturellement la part belle à la thématique de l'eau...

PHOTO : CRAN-GEVRIER. Autrefois pollué par l'activité industrielle, le Thiou a été nettoyé. Le long de ses berges, aménagées en promenade, se recrée un centre-ville.

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