L’Algérie, tête de pont de Knauf au Maghreb

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika avait tenu à poser lui-même la première pierre, le 30 juillet. Ce geste symbolique a lancé le plan d'investissement de 40 millions d'euros que Knauf va investir sur son site à une quarantaine de kilomètres d'Oran. Le fabricant prévoit, dans un premier temps, de réhabiliter et de moderniser l'usine dont la capacité de production sera accrue à terme de 230.000 à 600.000 tonnes par an de plâtre en vrac. Dans un second temps, il édifiera une nouvelle unité, celle-ci de plaques de plâtre, d’une capacité de 10 millions de m2 qui sera portée à 20 millions de m2 à l'horizon 2009.

L’investissement de Knauf comprend également la création d’un centre de formation opérationnel dès septembre. Objectif premier, permettre aux architectes et aux entreprises du bâtiment d’accroître leur connaissance de la plaque de plâtre tout en se familiarisant avec sa mise en œuvre. L’autre but, sous-jacent, est d’encadrer la mutation du mode constructif algérien vers une solution-système qui ne soit pas sujette aux malfaçons. "La pérennité du marché passe par la formation", se plaît à dire Albertrolf Knauf, président de Knauf Plâtres Fleurus. Il confie que d’autres investissements sont prévus, notamment pour la construction d’une unité de profilés métalliques. D'ores et déjà, le plan a fait des heureux: les salariés du site dont la route a été revêtue pour la venue du président algérien.

Gypse et gaz

Les relations entre Knauf et l’Algérie ne datent pas d’hier, elles se sont singulièrement accélérées depuis un peu plus d’un an. Il y a trente ans en effet, c’est la branche ingénierie de Knauf qui avait conçu l’usine d’Oran pour le compte du cimentier d’Etat Fleurus. Mais le temps passant, tout comme les velléités d’une économie nationalisée, l'actionnaire de Fleurus n’a pas refusé la proposition de Knauf de moderniser et développer la structure existante adossée à une carrière de gypse pouvant être exploitée pendant encore 200 ans. Le 13 mars 2006, la branche internationale de Knauf achetait donc 50 % des actions de l’usine de Fleurus pour 8 millions d’euros; elle a déjà sollicité les pouvoirs publics algériens pour acquérir les 50% restants.

Car la région devient stratégique pour les industriels du secteur qui voient dans l’Afrique du Nord d’importants potentiels de croissance. Et, en son centre, l’Algérie présente deux avantages majeurs : des ressources de gypse dont la qualité est meilleure que celle des gisements tunisiens et la production de gaz, combustible qui alimente les fours à plâtre. A l’heure de la flambée des coûts de l’énergie, se fournir directement "à la source" constitue un avantage non négligeable.

Saint Gobain et Lafarge aussi

En outre, l’Algérie est "un immense chantier", avoue l’un des responsables locaux de Knauf. Selon la volonté du gouvernement, un million de logements devrait être construit dans le pays en deux ans. Et, sur la seule région d’Oran, vingt complexes hôteliers devraient aussi être érigés pour concurrencer le tourisme des voisins marocains et tunisiens.

Dans ce contexte, Knauf n’est pas le seul a avoir bien saisi le potentiel du pays: Lafarge s’est récemment allié à Cosider, un acteur local, pour construire une usine de plaques de plâtre tandis qu’au début de l’année, Saint-Gobain a acquis 66 % du capital de la société algérienne CM Gypso qui possède deux carrières. Une usine de plâtre en vrac de 220.000 tonnes est en construction tandis qu’une entité dédiée aux plaques serait en gestation pour alimenter les deux grandes villes d'Alger et Constantine.

De notre envoyé spécial en Algérie

Thierry Devige-Stewart

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