Kaufman & Broad a vu ses réservations de logements fléchir de 9,2 % au premier semestre de son exercice en cours (1er décembre 2021 au 30 mai 2022), par rapport à la même période de l’exercice précédent, à 2 525 unités.
À l’inverse, les réservations ont augmenté de 9,7 % en valeur, à 625 millions d’euros, annonce le groupe immobilier, mercredi 13 juillet 2022. Des évolutions contraires qui résultent d’une réorientation du promoteur vers les ventes aux particuliers plutôt qu’aux bailleurs sociaux et aux investisseurs institutionnels. Les ventes en bloc ne représentaient plus que 33 % des réservations en valeur au premier semestre 2021-2022, contre 47 % sur les six premiers mois de l’exercice 2020-2021.
"Nous avons reporté quelques opérations, représentant quelques centaines de logements, avec des bailleurs sociaux car l’équation économique ne nous satisfaisait plus. La hausse des coûts de construction [ressortie à 9,8 % au premier semestre, en glissement annuel] ne permet plus d’atteindre l’équilibre économique. Nous l’avons fait remarquer à des bailleurs sociaux locaux [par opposition à ceux d’envergure nationale] mais ils nous ont répondu qu’ils ne révisaient leurs prix qu’une fois par an. Nous avons donc décidé de ne plus faire ces opérations pour le moment, nous leur donnons rendez-vous après leur commission [de révision des prix]", explique Nordine Hachemi, PDG de Kaufman & Broad.
Obtention du permis d’aménager à Reims
Ces reports entraînent un manque à gagner de l’ordre de 30 millions d’euros pour le groupe, dont le chiffre d’affaires s’est élevé à 574,4 millions d’euros au premier semestre. "Nous ne rattraperons pas ce retard" d’ici à la fin de l’exercice en cours, indique le directeur financier, Bruno Coche. Le promoteur ne table donc plus sur une hausse de "plus de 5 %" de son chiffre d’affaires pour l’exercice 2021-2022, mais sur une progression de 5 % "pile".
Hormis ces décalages, Kaufman & Broad n’est "pas inquiet" pour son activité de logement, qui représente 83,8 % de son chiffre d’affaires. "Les logements que nous construisons ne sont pas des produits spéculatifs, la totalité de ceux que nous vendons sont occupés", souligne Nordine Hachemi. Le PDG invoque une "demande toujours forte", malgré la remontée des taux de crédit immobilier depuis le début de l’année. Il table sur un taux d’intérêt compris entre 2 % et 2,5 % en moyenne au second semestre, pour un "bon dossier" et un emprunt sur 20 ans, contre 1,7 % aujourd’hui. Une hausse qu’il juge "raisonnable."
Promogim en passe de franchir les 25 % des droits de vote ?
Si les reports d’opérations avec des bailleurs sociaux ont conduit le groupe à abaisser son objectif de chiffre d’affaires annuel, celui-ci pourrait être révisé à la hausse en fonction de l’avancée du projet Austerlitz, à Paris. Le lancement de ce dernier, dont Kaufman & Broad est l’un des maîtres d’ouvrage, est suspendu à une décision du Conseil d’État sur le recours formé par le collectif Austerlitz le 14 janvier dernier, à la suite du rejet, par la Cour administrative d’appel de Paris, de sa demande d’annulation du permis de construire. Nordine Hachemi se dit "optimiste" sur l’issue du recours, le collectif fondant sa demande d’annulation du permis sur le fait que celui-ci aurait dû être délivré par la mairie de Paris et non par la préfecture d’Île-de-France. La mairie "soutient" de toute façon le projet Pôle Austerlitz, assure le dirigeant.
Sa seule incertitude est "purement administrative" et porte sur la date à laquelle le Conseil d’État, qui "n’a aucune contrainte de calendrier", rendra sa décision. Si celle-ci était rendue début septembre, il serait "jouable" pour Kaufman & Broad de commencer à comptabiliser le projet Austerlitz dans son chiffre d’affaires de l’exercice en cours, qui s’achèvera le 30 novembre. Un projet qui a fait l’objet d’une autre action en justice, le 20 mai, avec le dépôt d’une plainte auprès du parquet, pour détournement de fonds publics, par des associations du collectif Austerlitz. Celles-ci dénoncent une "énorme opération de promotion immobilière en plein cœur de Paris, d’un montant d’un milliard d’euros." "Nous sommes dans la caricature du recours par des privilégiés qui habitent le Ve arrondissement [de Paris]. C’est du grand n’importe quoi. C’est un non-sujet car le projet a été audité et contrôlé par tous les organismes imaginables depuis sept ans", réagit Nordine Hachemi.