Tout n'est pas arrêté dans la construction et les jeunes diplômés se verront encore offrir des emplois en 1997. Il est pourtant vrai que les entreprises, qui prévoient de réduire leur effectif, sont plus nombreuses (24 %) que celles qui envisagent de l'augmenter (10 %), selon l'enquête annuelle de l'Association pour l'emploi des cadres (Apec) (1). Cela signifie également que deux tiers des entreprises vont maintenir leur population de salariés. Pour ce faire, elles devront au moins compenser les départs, principalement dus aux salariés atteignant l'âge de la retraite.
Des embauches sur un rythme prudent
L'offre existe encore même si les entreprises se font plus exigeantes. « Paradoxalement, nous rencontrons des difficultés à trouver de jeunes diplômés qui répondent à notre attente », s'étonne Olivier Sonneville, responsable du recrutement dans l'entreprise Quille. La première filiale du groupe Bouygues a en effet l'intention d'embaucher 30 diplômés bac + 2 en 1997 et 60 ingénieurs (bac + 4/bac + 5), sans compter les offres de stages. Et pour elle, cette politique va bien au-delà du simple renouvellement de son effectif qui s'élève à 1700 salariés dont 400 cadres. « Nous jouons le rôle de pépinière pour le groupe Bouygues, explique Olivier Sonneville. Par conséquent, nous recrutons de futurs patrons. Si les postes que nous proposons s'adressent principalement à des ingénieurs de travaux, à des ingénieurs commerciaux, les diplômés de la filière commerciale (ESC, ESSEC, ...) peuvent parfaitement assumer des rôles de direction. Nous recherchons avant tout des jeunes diplômés tournés vers l'Europe... Les jeunes possédant des doubles diplômes, par exemple, nous intéressent beaucoup. » Plus modeste, le recrutement n'est pas nul non plus dans nombre d'autres filiales de Bouygues, telles que GFC, CGA ou Pertuy, comme en témoigne le « guide 1997 des entreprises qui recrutent », édité par l'Etudiant (2).
La politique de recrutement de l'entreprise Quille reste atypique dans la construction. La plupart des entreprises continuent d'embaucher mais sur un rythme prudent. Ainsi, l'entreprise indépendante Léon Grosse confirme « prévoir l'embauche de 4 ingénieurs cette année », ce qui à l'échelle d'une entreprise qui compte 1800 salariés reste peu. Une entreprise comme Soprema, spécialisée dans les travaux d'étanchéité et la fabrication des produits industriels, a recruté 35 salariés en 1996 (Etam + cadres) dont 10 conducteurs de travaux. Elle aussi révise ses embauches à la baisse « Nous ne prévoyons aujourd'hui que 3 embauches de jeunes conducteurs de travaux en 1997, précise Catherine Barbier, responsable de la gestion du personnel. Les profils que nous recherchons habituellement pour ce type de postes sont ceux de diplômés d'un BTS bâtiment, DUT de Génie-civil ou Bac + 3 Couverture. »
Enfin, d'autres entreprises, malgré des plans sociaux par ailleurs, recrutent encore, quoique discrètement, quelques jeunes diplômés. Ces recrutements restent évidemment largement inférieurs en nombre aux suppressions d'emploi prévues par ailleurs. Il s'agit, pour l'une d'elles par exemple, d'une quinzaine d'ingénieurs là où un rythme normal au cours d'années meilleures était de 30 personnes...
(1) « Le Moniteur » du 18 avril page 111. (2) « Le guide des entreprises qui recrutent », l'Etudiant, disponible en librairie au prix de 98 francs.
PHOTO : Les jeunes diplômés se verront offrir des emplois en 1997 pour compenser les départs dus aux salariés atteignant l'âge de la retraite.