Jade, premier de cordée

Travaux en hauteur -

Spécialiste des interventions difficiles pour le bâtiment et l'industrie, l'entreprise lilloise est devenue en vingt ans une référence dans le secteur.

 

Réservé aux abonnés
Image d'illustration de l'article
Grimper en haut d’une éolienne n’effraie pas François-Yves Jolibois, directeur de Jade, ici sur le site de Total Oleum à Dunkerque (Nord).

Alors que les embouteillages se multiplient au sommet de l'Everest, les « alpinistes » de Jade jouissent encore du privilège des grimpeurs : la solitude et la vue imprenable propres aux endroits réputés inaccessibles. Sur le toit du château de Versailles pour poser une ligne de vie, au-dessus du parc Astérix pour repeindre un manège, accrochés à une cheminée d'usine ou sur une éolienne à 100 mètres du sol, ils sont peintres, soudeurs, maçons, couvreurs, électriciens… Tous diplômés dans leur discipline avant d'avoir appris à monter à la corde.

Le prof d'escalade, c'est le patron : François-Yves Jolibois, 46 ans, sportif contrarié. Titulaire, à 22 ans, d'un brevet d'alpiniste après des études en fac de sport, ce Nordiste d'adoption projette d'ouvrir une base de loisirs dans les Calanques. Coup du sort, des sciatiques chroniques brisent ses rêves d'escapade. Mais comme rien ne l'empêche de rester suspendu, il décide de troquer les falaises pour les façades. Une formation de cordiste, et le voilà qui enchaîne en mercenaire les travaux de finition sur les toits. « On me demandait de bâcler ce qui n'était pas visible par le client », se souvient François-Yves Jolibois, qui par réaction fonde Jade en 1998. Comme la pierre précieuse, emblème de perfection… et de prospérité.

Ambiance « club de sport ». L'entreprise lilloise grandit tranquillement. Ouvre une filiale à Grenoble en 2007, puis s'implante à Dakar (Sénégal) en 2015. Le tout, dans une ambiance très « club de sport ». Chez Jade, on porte des polaires, on se tutoie, on s'appelle « mec » ou « gros », sans distinguo hiérarchique. Mais si les 70 salariés sont fans d'escalade, ils sont prêts à s'assagir pour le bien de l'entreprise. « Sur un chantier, on réserve la corde pour les endroits vraiment inaccessibles.

On privilégie au maximum le travail sur les nacelles, moins dangereux et plus rapide », détaille François-Yves Jolibois. Pour cet hyperactif, au débit verbal continu, la vélocité reste le meilleur moyen de décrocher des marchés. Quand, pour poser des systèmes anti pigeons sur le toit de l'Elysée, la concurrence propose de mobiliser deux cordistes pendant deux semaines, Jade contre-attaque avec 12 salariés pour une seule journée de chantier.

Ses meilleurs souvenirs professionnels ? Le chèque-cadeau inattendu de ce chef d'entreprise bien heureux de pouvoir redémarrer son usine une semaine avant la fin prévue des travaux. Ou ce week-end en montagne offert à ses compagnons par le patron d'une mine d'or bulgare en remerciement de leur rapidité. Le pire ? Des délais de paiement à 97 jours, menaçant selon lui la croissance de l'entreprise. Dans le bâtiment aussi, l'ascension vers les sommets est parsemée d'obstacles.

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !