Les exigences réglementaires devraient prendre le pas sur la force de l’habitude. La RT 2012, en généralisant les bâtiments basse consommation (BBC) dans le neuf, pourrait aussi accélérer le développement de la technique de l’isolation thermique par l’extérieur (ITE) sur ce secteur. Ces dernières années, les incitations financières (crédit d’impôt, écoprêt, bouquet de travaux…) accordées sur le marché de la rénovation ont plutôt contribué au développement de l’ITE sur ce secteur, qui représente environ 74 % du marché total de l’ITE. La méthode est effectivement intéressante pour réaliser une opération « deux en un » : non seulement les façades sont isolées mais, en plus, elles bénéficient d’un ravalement, et cela, sans aucune gêne pour l’occupant puisque les travaux ont lieu par l’extérieur, préservant la surface habitable du bien. Les nouvelles réglementations thermiques requièrent des épaisseurs d’isolant de l’ordre de 12 cm, ce qui, dans le cas d’une isolation thermique par l’intérieur, entraînerait la réduction de la surface des logements de 4 à 7 % en moyenne.
Pour la construction neuve, l’ITE se positionne comme une solution pour atteindre aisément les exigences thermiques réglementaires, sans recours à des équipements spécifiques comme les rupteurs de ponts thermiques, tout en assurant une excellente étanchéité à l’air, critère incontournable dans une construction labellisée BBC où sont exigées des valeurs basses de perméabilité à l’air.
Autant de raisons qui font que, mois après mois, la demande augmente… Fin 2009, le marché de l’ITE connaissait déjà une croissance de plus de 22 %. Les différents acteurs de la filière sont d’ailleurs globalement confiants sur l’avenir de ce marché en France. Pour preuve, les demandes de formation explosent littéralement. Un frein est donc en train d’être levé…
Tout est possible en parement
Il est désormais beaucoup moins difficile pour les maîtres d’ouvrage de trouver une entreprise compétente dans ce domaine. Les artisans et les entreprises mettent en place des démarches de coopération ou de cotraitance, certains fabricants s’appuient également sur un réseau d’artisans partenaires issus de différents métiers du bâtiment (façadier, maçon, peintre). Concernant les parements, tout est possible : revêtement mince en pierre naturelle ou en verre, bacs végétalisés, panneaux photovoltaïques… A côté des systèmes largement représentés d’enduit sur isolant et de bardage (bois, métal, terre cuite), les vêtures et vêtages, beaucoup plus rapides à mettre en œuvre, se développent. Conscients de l’enjeu, les fabricants proposent d’ailleurs de nouvelles gammes de finition (pierre reconstituée, bois composite, éléments de modénature pour enduits sur isolants…) et d’isolants (mousse résolique, panneaux de verre cellulaire, isolants naturels…) dans des épaisseurs de plus en plus importantes (jusqu’à 25 cm). Malgré l’obligation de changer ses habitudes de travail - les interventions imposant des moyens de réalisation de façadier -, l’ITE a pour avantage, quel que soit le système choisi, sa rapidité de mise en œuvre.
Mais cette technique impose d’apporter un soin tout particulier au niveau des points singuliers pour ne pas amoindrir le bénéfice de l’isolation par l’extérieur. La performance et l’adéquation des accessoires conditionnent la qualité et la pérennité du projet. Les industriels ont donc développé des accessoires de fixation spécifiques pour les volets et les stores, des raccords d’angle en mousse PSE préformée, des appuis de fenêtre isolants en PSE avec résine… Enfin, les professionnels du secteur souhaitent tordre le cou à une idée reçue : non, une ITE n’est pas plus chère qu’une isolation par l’intérieur. Dans un bâtiment neuf, à niveau de performance équivalent avec une solution d’isolation thermique par l’intérieur (ITI), pour peu que ce mode constructif ait fait l’objet d’une véritable réflexion dès la phase de conception du projet pour prendre en compte toutes les contraintes esthétiques et techniques de l’ouvrage, aucun surcoût n’est engendré ! On estime en revanche les économies réalisées avec une ITE à environ 10 à 15 % sur la consommation d’énergie du bâtiment du fait de la suppression des ponts thermiques. Reste la levée d’un dernier frein, l’absence de document technique unifié (DTU). Cependant, il existe un cahier des prescriptions techniques (CPT) indiquant les conditions générales d’emploi des systèmes d’ITE dotés d’avis techniques.


