Investissement Les étrangers misent sur la France

Discrètement, des groupes européens et américains tissent leur toile sur l'Hexagone, dans le BTP, l'industrie et les services de la construction.

Si certains plient bagages, déçus par les contre-performances de leurs filiales françaises (le numéro 1 allemand du BTP, Philipp Holzmann, a liquidé Nord France ; le Belge Franki a fermé Franki France...), d'autres groupes, en revanche, n'hésitent pas à investir sur des marchés ciblés de la construction dans l'Hexagone.

Dans leur stratégie européenne et internationale, la France constitue un axe de développement important, mais pas le plus tranquille : les règles du jeu y sont très complexes et changeantes ; la concurrence avec les majors et les poids moyens du BTP français est féroce. Pourtant, nombre d'entreprises étrangères ont anticipé la construction de l'Europe. Elles peuvent bénéficier d'aides de l'Etat et des régions (aides à l'investissement, primes à l'aménagement du territoire...), d'une fiscalité avantageuse (exonération de l'impôt sur les sociétés, de la taxe professionnelle, des charges patronales et de la taxe foncière) et peuvent trouver en France une main d'oeuvre moins onéreuse et plus qualifiée (Le Moniteur du 18 avril 1997, p167).

La stratégie la plus répandue est la reprise d'entreprises françaises, généralement des PME. Cette solution permet aux investisseurs étrangers de tester le marché tout en bénéficiant de la clientèle et de la notoriété régionale de ces PME. Ils rachètent ensuite d'autres entreprises et tissent une sorte de réseau à travers la France entière. Les régions frontalières du nord et de l'est (Nord-Pas-de-Calais, Alsace, Rhône-Alpes et Lorraine) sont celles, avec l'Ile-de-France, qui attirent le plus ces investisseurs.

BTP. Le groupe européen le plus implanté dans le BTP en France est certainement l'Allemand Bilfinger + Berger, au travers de Bianco (Savoie), Razel (groupe de TP national) et ses filiales, Rogard (Corrèze). Le Norvégien Kvaerner, qui a absorbé le Britannique du BTP Trafalgar, a racheté en France d'importantes sociétés d'ingénierie (Sofresid, Metals Clecim, Séchaud & Bossuyt). Le numéro 1 britannique, Amec, est actionnaire à plus de 41 % du groupe d'équipement électrique et de BTP Spie (numéro 5 des majors français du BTP), tandis que le numéro 2, Tarmac, poursuit son développement dans l'Hexagone au travers de Tarmac France (Thouraud à Reims, Nicoletti à Nice... et tout récemment les Carrières de Condat ainsi que Nord France TP).

Immobilier. La promotion immobilière attire également les étrangers. Par exemple, on note une première opération en Lorraine du promoteur-constructeur allemand Gerhard Bau ; l'arrivée en force de groupes américains (promoteurs, financiers...) qui prennent des participations dans le capital de sociétés françaises ; le partenariat entre la mutuelle d'assurances Macif (présente dans immobilier commercial) et le groupe immobilier texan Hines ; la reprise de la promotion du Crédit Foncier (Foncier Habitat) par Highridge Partners ; le schéma de reprise du Crédit Foncier de France par GMAC, filiale du groupe automobile américain General Motors, associée à l'investisseur texan Bass, aux Caisses d'Epargne et à d'autres investisseurs français (CNP, crédit commercial de France, Promodès).

Construction. Dans les services liés à la construction on relève, par exemple, l'acquisition récente du leader français du marché de la sécurité, Proteg (gardiennage et systèmes d'alarme) par le groupe suédois Securitas. Celui-ci avait déjà racheté, en janvier, Kessler, SGI Surveillance et la Compagnie française de sécurité (FDS) et détient aujourd'hui 13 % du marché français de la sécurité.

Industrie. C'est dans l'industrie que l'implantation des étrangers est la plus ancienne et donc la plus forte. Les grands groupes industriels développent en effet depuis de nombreuses années leur stratégie de conquête. Par exemple, l'Allemand Knauf dans les matériaux d'isolation et le plâtre, les groupes britanniques Redland Plc, RMC, Italcimenti dans le ciment... Les PMI ne sont pas en reste : le groupe anglais SGB-PLT, par exemple, est présent au travers de SGB-Comabi (échafaudages-coffrage-étaiement).

En Lorraine, de nombreuses PMI se sont implantées : c'est le cas de l'Allemand Duker, qui fabrique des baignoires acryliques, du Belge Solvay qui fabrique, via Buflon, des dalles de sols vinyle semi-flexibles par calandrage, ou de l'Américain PPG industries INC avec la Miroiterie de l'Est, qui produit et vend des produits verriers.

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