En 1989, Bernard Decomps, professeur, remet un rapport dans lequel il préconise la mise en place d'une formation d'ingénieurs moins académique que les formations existantes, destinée à former des ingénieurs de terrain et à permettre la promotion de techniciens supérieurs. En 1990, naissent les nouvelles filières d'ingénieurs, les NFI, dites aussi « filières Decomps ».
A ce jour, le ministère de l'Education nationale dénombre une soixantaine de filières NFI en France (dont six dans le BTP, décrites ci-dessous). 946 ingénieurs ont été diplômés en 1996/1997. Délivré dans des établissements d'enseignement supérieur, publics ou privés, habilités pour six ans par la commission des titres d'ingénieur (la CTI), le diplôme d'ingénieur délivré dans le cadre de la filière NFI est d'égale valeur à tour autre titre d'ingénieur diplômé (diplôme de niveau I). Pour le distinguer, la CTI propose une appellation spécifique : ingénieur des techniques du BTP (ou de l'industrie ou de l'agriculture, selon le secteur), diplômé de l'école... « La structure de partenariat n'apparaît plus pour ne pas sombrer dans le maquis des sigles (ITII, IST, ISA...) », explique André Mora, membre de la CTI.
Un partenariat école/entreprise
La filière NFI se distingue en effet par un partenariat entre l'école habilitée à délivrer le diplôme d'ingénieur et le monde professionnel. Pour Michel Frances, coordinateur pédagogique de la formation ITC-BTP au Cesi Languedoc-Roussillon, « ce partenariat est pour beaucoup dans le succès de la formule : forte implication des tuteurs, visite de suivi sur les chantiers, participation de cadres des entreprises aux enseignements, parité des jurys. Nous sommes au plus près des professionnels », affirme Michel Frances.
La rançon du succès est une bonne insertion des diplômés dans l'emploi. De cette première caractéristique découle une seconde : l'alternance de l'enseignement entre l'école et l'entreprise, et ce qu'il soit dispensé dans le cadre de la formation initiale (sous statut scolaire ou sous contrat d'apprentissage) ou de la formation continue, les trois voies autorisées. « A l'origine, observe André Mora, il était prévu que 80 % des ingénieurs de la filière NFI soient formés en formation continue et 20 % en formation initiale ». Le rapport actuel est quasiment inverse. « Nous nous sommes trompés sur les besoins, admet-il. Nous pensions que bon nombre de techniciens supérieurs titulaires d'un BTS ou d'un DUT pourraient accéder au titre d'ingénieur. En réalité, quand une formation ouvre, elle se tourne davantage vers l'apprentissage. »
L'analyse se vérifie dans le BTP. Seuls L'IST d'Amiens et L'Isupfere ont opté pour la formation continue. La filière génie civil ouverte à Clermont-Ferrand en 1992 a depuis cessé d'exister. « Nous ne demandons pas le renouvellement de notre habilitation sur la filière génie civil, explique Louis Méritet, directeur de l'institut Georges Besse de Clermont-Ferrand. Il s'agit de formations trop lourdes pour la formation continue, nous butons sur le manque de disponibilité des candidats ».
Un autre obstacle apparaît : le financement. Les entreprises peuvent financer une partie du coût de la formation sur leur plan de formation ou recourir au capital temps quand les accords de branche le leur permettent. La principale difficulté est d'obtenir l'accord des Fongecif pour les salariés bénéficiaires d'un congé individuel de formation. « Certains Fongecif acceptent, d'autres refusent leur prise en charge, ce qui nous handicape pour constituer nos promotions » explique Jean Garbez, président de l'IST d'Amiens.
Selon les effectifs des entreprises, l'Etat apporte une aide, allant de 70 000 à 100 000 francs. Enfin, les régions apportent leur concours, notamment pour permettre l'accès des demandeurs d'emploi aux formations.
TABLEAU : Effectifs inscrits en 1996/1997 - Que représente la filière NFI
