[Infographie] Défaillances d'entreprises (1/5) : le BTP résiste à la crise

Alors que l’économie française a connu 16 600 défaillances d’entreprises au 2e trimestre 2025 (+1,3 %), le secteur de la construction affiche lui une réduction du nombre de procédures collectives de plus de 5 %. 

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Chantier de gros oeuvre
Au deuxième trimestre, les entreprises de gros œuvre enregistrent une nette baisse des ouvertures de procédures collectives.

C’est une bonne surprise et elles sont rares ces derniers temps dans le secteur de la construction : les défaillances d’entreprises dans le BTP sont en recul sensible entre le 1er et le 2e trimestre 2025. Selon les données d’Altarès publiées le 8 juillet, la baisse est de 5,3 % avec 3 417 défaillances au T2 contre 3 706 au T1. L’évolution par rapport au 1er semestre 2024 est aussi favorable : -2,7 % . Et ce malgré la crise de la construction neuve et les difficultés du secteur de la rénovation…

Des évolutions contrastées par métiers

Le gros œuvre (1 203 procédures) enregistre une nette baisse des ouvertures de procédures collectives (-7 %). Le recul est également sensible dans les travaux publics (181 procédures, -14 %). Le second œuvre (2 033) connaît un reflux moindre (-3 %). Enfin, les agences immobilières qui souffraient encore fortement il y a un an avec un nombre de procédures qui s’envolait de 58 %, ont résisté : avec 206 procédures, le premier trimestre 2025 affiche un recul de 17 %.

« La construction dans son ensemble représente à elle seule le quart des défaillances du pays donc quand le secteur va mieux les chiffres s’en ressentent. Les entreprises de bâtiment ont résisté à la crise, mieux qu’attendu et l’immobilier se redresse plutôt plus vite qu’espéré », salue Thierry Millon, directeur des études d’Altares. « Ce qui est significatif sur ce trimestre, c’est la résistance du gros œuvre. C’est là que la surprise est la meilleure. Le gros œuvre recouvre la construction de maisons individuelles et la maçonnerie et l’un comme l’autre ont offert des points de résistance alors qu’on voyait mal comment le secteur pouvait s’en sortir à la fois dans un contexte immobilier très fragilisé et une consommation des ménages encore très hésitante en ce qui concerne l’investissement. Ce qui a donné des signaux positifs c’est aussi une comparaison très favorable avec le T2 2024 qui avait enregistré un niveau de défaillances très élevé avec une augmentation du nombre de défauts de plus de 40 %.  »

Au-delà la bonne surprise ponctuelle, il faut noter l’inversion de tendance et un premier recul des défaillances depuis 2023. La FFB observe d’ailleurs sur le terrain une situation bien meilleure qu’attendue par les professionnels. « Mais cela reste tendu dans certaines activités de second œuvre : il y a des tendances très sévères dans les travaux d’électricité avec 380 entreprises qui sont tombées soit 26 % de plus qu’il y a un an, pour les travaux d’isolation, c’est une centaine d’entreprises, soit une augmentation de + 24% », note Thierry Millon.

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Les petites entreprises plus touchées

Les défaillances d'entreprises concernent majoritairement des petites entreprises. « Dans le gros œuvre il s’agit pour l’essentiel de structures de moins de 3 salariés », confirme Thierry Millon. « Chez les constructeurs de maisons individuelles on a enregistré environ 500 entreprises en cessation d’activité dont 350 entreprises de moins de 3 salariés. Ce qu’il est intéressant de noter c’est que parmi les entreprises qui se déclarent en défaut certaines sont relativement « âgées ».

Ainsi parmi le millier d’entreprises de gros œuvre en procédure, environ 120 ont plus de 15 ans d’existence. Paradoxalement donc, les structures plus jeunes s’en sortent mieux. Nées après la crise sanitaire et avant la crise ukrainienne, elles n’ont pas hérité d’une « dette covid » qui a fragilisé beaucoup d’acteurs et elles ne semblent pas avoir souffert d’une difficulté à se faire connaître pour décrocher des marchés. »

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Un plateau a été atteint

Si les chiffres sont en baisse mais restent à des niveaux trop élevés pour espérer revenir à moyen terme à la situation pré-crise sanitaire, le sentiment est qu’on a atteint un plateau et que sur le deuxième semestre la situation devrait être globalement similaire au 1er. « Je ne crois pas à une explosion des défaillances d’ici la fin de l’année », assure Thierry Millon. « Les bilans publiés par les entreprises sont de belle facture. Et les retards de paiement se stabilisent autour de 14 jours de paiement. La fin de la dégradation conduit à espérer que les entreprises sont aujourd’hui en capacité de freiner leur érosion de trésorerie », estime-t-il.

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