Attirer de nouveaux talents, fédérer les 450 collaborateurs, faire connaître ses spécificités aux élus, accélérer la transition écologique et sociétale du secteur, proposer des logements performants à chacun… Les bénéfices espérés de ce statut d’entreprise à mission sont nombreux pour le groupe Tisserin.
La marche à franchir n’était de surcroît pas très haute pour l’entreprise évoluant déjà sur le secteur de l’économie sociale et solidaire sous un statut coopératif. Ce statut lui permet en effet de ne pas avoir à reverser de dividendes aux actionnaires.
« Au lieu de les rémunérer nous consacrons déjà environ un tiers de nos résultats à des missions d’intérêt sociétal ; notamment sous forme de prêt à taux zéro pour les plus démunis. En cinq ans, ce sont 36 millions d’euros qui ont ainsi été mobilisés », décrypte le directeur général du groupe Tisserin, Ludovic Montaudon.
Modèle économique unique
Cette spécificité lui offre aussi un modèle économique unique puisqu’il peut intervenir à la fois dans le champ de l’immobilier concurrentiel et dans celui du logement social.
Ses activités s’étendent donc de la promotion immobilière classique à l’administration de biens, en passant par l’habitat social et la maison individuelle via ses filiales (Nacarat, Tisserin Promotion, Tisserin Habitat, Tisserin Maison individuelle et Immo de France Hauts-de-France).
Pour changer de statut, le groupe a dû cependant formaliser sa raison d’être. Elle tient en une phrase : « Bâtir une cité plus harmonieuse, plus équitable et plus durable ».
Elle a aussi dû définir quatre grandes missions : concevoir, réaliser et gérer des lieux à vivre pour demain ; agir pour un logement de qualité et adapté pour tous ; ancrer la performance écologique au cœur de leurs activités ; placer l’humain au centre du changement. Ces missions ont été ensuite déclinées en douze engagements concrets.
Le groupe devra par ailleurs accepter d’être évalué par un organisme externe sur ces engagements. L’organisme pourra suivre sa progression via 32 axes de mesures portant notamment sur le vivre ensemble, la régénération urbaine, l’habitat inclusif, la performance écologique ou encore sur la diversité en entreprise.
Zéro artificialisation nette et qualité d’usage
Parmi ses objectifs, l’entreprise souhaite en particulier poursuivre son action en faveur de la régénération urbaine et du « zéro artificialisation nette ». « Une dizaine de projets sont d’ores et déjà en cours de développement sur l’ensemble du territoire, à l’image d’un établissement d’enseignement supérieur réalisé pour le compte de l’Iéseg School of management, en centre-ville de Lille (Nord), en lieu et place d’un immeuble de bureaux », illustre Pierre Dessort, directeur transformation métier chez Nacarat.
Il ajoute qu’une autre des missions clef sera de mettre l’accent sur la qualité d’usage et le bien-être des occupants, et ce, dès la conception : « A Lille, le programme Shake constitue une formidable vitrine du savoir-faire du groupe et de sa vision en matière d’immobilier d’entreprise ».
Autre exemple à Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais) avec la création d’un écoquartier intégrant deux petits collectifs de logements, une résidence intergénérationnelle, ainsi que des équipements complémentaires (local commercial, potager partagé, espaces communs, etc.) qui seront soumis à la concertation avec les futurs résidents.
Ecologue
Parmi les engagements, figure le recours à un écologue sur toutes les opérations de promotion, dès la phase conception, afin d’encourager la biodiversité urbaine, comme cela a été fait sur le projet Iéseg à Lille.
« Depuis septembre 2021, les collaborateurs sont systématiquement formés à l’urgence climatique à travers la fresque du climat et de la renaissance écologique », souligne Ludovic Montaudon. Il espère que ce nouveau statut permettra d’accélérer la mutation du secteur pour construire de façon « plus écologique et moins énergivore ».
Chiffres clés du groupe Tisserin (données de 2021)
- 400 millions d’euros de chiffre d’affaires combiné
- 452 collaborateurs
- 1 500 logements livrés
- Près de 20 800 m2 de surfaces de bureaux vendues
- 16 000 lots en gestion (syndic et gestion locative)
- 6 200 logements sociaux situés dans le Nord et le Pas-de-Calais.
(1)L’article 176 de la loi du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises (loi Pacte), introduit la qualité de société à mission. Il s’agit pour une entreprise d’affirmer publiquement sa raison d’être, ainsi qu’un ou plusieurs objectifs sociaux et environnementaux qu’elle se donne pour mission de poursuivre dans le cadre de son activité. Ces éléments doivent être inscrits dans les statuts de l’entreprise et déclarés au greffe du tribunal de commerce, selon les modalités prévues par le décret n° 2020-1 du 2 janvier 2020. Le décret du 2 janvier 2020 prévoit par ailleurs la vérification par un organisme tiers indépendant de l’exécution par la société à mission des objectifs sociaux et environnementaux mentionnés dans ses statuts.