Les salariés du bâtiment sont très touchés par les maladies professionnelles. Ainsi 12 % des maladies professionnelles reconnues concernent le BTP, alors que les salariés de cette branche ne représentent que 6 % des salariés du régime général en France. Devant la gravité de la situation, la FFB de l’Essonne a organisé, à l’automne, un salon professionnel intitulé « Protégeons les bâtisseurs ». Douze tables rondes ont fait le tour de la question, complétées par des démonstrations de sécurité et un espace-salon de 35 exposants. Deux risques – le chimique et le routier (voir encadré) – constituent le quotidien des salariés et des entreprises.
« Les entreprises de peinture, surtout les petites, doivent prendre conscience du risque chimique. Dans le quotidien, on ne lit pas toujours les fiches de données de sécurité. Et on ne les demande que si le maître d’ouvrage les exige. » Marc Schang, président de la section peinture à la FFB de l’Essonne, n’a pas caché la réalité ordinaire des entreprises. De son propre aveu, il y a dix ans, on ignorait encore ces risques.
Risques chimiquesmal repérés. « Dans l’ensemble, la réalité du terrain est celle du risque chimique. Des risques mal repérés mais fréquents, dont les effets sont mal connus. Risques qui, de toute façon, ne peuvent être que graves », selon Dominique Beaumont, médecin conseiller à la Caisse régionale d’assurance maladie d’Ile-de-France (Cramif). En importance, ces risques concernent d’abord les poussières de ciment, puis l’amiante, les résines époxydiques (liant des peintures), enfin les poussières de bois. Produits les plus redoutables : les CMR (Cancérigènes, Mutagènes, toxiques pour la Reproduction), notamment l’amiante, le plomb (présent dans les anciennes peintures), les résines.
Quatre conseils de base. Commet réagir ? Avec des règles simples : repérer, évaluer, prévenir les risques en attribuant un rôle clé à la préparation du chantier. Dominique Payen, de l’Organisme de prévention du BTP (OPPBTP), a présenté quatre conseils de base pour parer au risque chimique : faire l’inventaire des produits utilisés, lire les étiquettes et les pictogrammes, se procurer les fiches de données de sécurité, les transmettre au médecin du travail en lui demandant son avis avant évaluation.
Utiliser du décapant végétal. Pour évaluer le risque, il convient de réfléchir à la fréquence d’usage des produits chimiques, au type de chantier (extérieur, intérieur, confiné), au mode d’application (pulvérisation ou manuel).
Enfin, il s’agit de mettre en place un plan d’action. Par exemple, en substituant des produits plus neutres aux produits les plus dangereux. Abandonner la peinture glycéro à base de white-spirit, pour adopter la peinture glycéro à l’eau. Oublier le décapant au méthanol, ou au chlorure de méthylène, pour se servir de décapant végétal.
Ventiler les lieux, utiliser combinaisons, masques et gants, former le personnel avec l’aide du médecin du travail.
D’importantes marges de progrès existent. « Il faut être responsable et mettre en place de petites choses pour éviter les catastrophes. Il faut d’abord faire changer les habitudes. C’est compliqué, mais on y parviendra par un travail de réseau », conclut Marc Chang.