L’urbanisation des espaces naturels et agricoles marque le pas en Ile-de-France. Les résultats du MOS 2003 (mode d’occupation du sol) montrent que sur la période 1999-2003, 1 166 ha ont été consommés par an contre 1 761 ha/an entre 1994 et 1999 et 2 575 ha/an entre 1990 et 1994. Deux facteurs principaux expliquent ce ralentissement. « Entre les années 80 (1982 à 1987) et la dernière période observée (1999-2003), le rythme annuel de progression des espaces affectés à l’habitat individuel a été divisé par plus de deux, passant de 957 ha/an à 411 ha/an », précise François Dugény, directeur général de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région Ile-de-France. La production de maisons individuelles a chuté dans les mêmes proportions : d’un peu plus de 22 000 unités par an entre 1982 et 1987 à environ 10 000 par an sur 1999-2003.
Terrains de golf. Cette tendance à la baisse trouve aussi son origine dans la très forte diminution de la création de parcs, jardins, terrains de sports… Entre 1990 et 1994, 776 ha/an ont été consacrés à ces espaces contre seulement 56 ha/an entre 1999 et 2003. « Le début des années 90 s’est caractérisé par un pic en matière d’aménagement de terrains de golf et par la création du parc Disneyland Resort Paris. Puis, l’effervescence est retombée », ajoute François Dugény.
Cette consommation de plus en plus faible des espaces naturels pourrait paraître satisfaisante. « Ce n’est pas le cas, estime Mireille Ferri, vice-présidente du conseil régional, chargée de l’aménagement du territoire. Non seulement ce ralentissement est lié à la décroissance de la production de logements mais, de plus, cette urbanisation nouvelle est préjudiciable à un aménagement raisonné du territoire. »
Bourgs et villages. Selon les premières indications fournies par le MOS 2003, l’urbanisation nouvelle se situe le long de la Francilienne et au-delà. Surtout, elle s’est beaucoup développée dans les bourgs et les villages. « Le schéma directeur de 1994 fixait un objectif de consommation des espaces naturels et agricoles de 1 750 ha par an : 1 500 ha dans les zones ouvertes à l’urbanisation par le schéma (zones totalement urbanisables ou partiellement urbanisables) et 200 ha dans les bourgs et villages. Or, entre 1999 et 2003, sur les 1 166 ha urbanisés/an, 600 seulement l’ont été dans les zones urbanisables et 500 dans les bourgs et villages, souligne François Dugény. Au lieu d’accueillir 10 % de l’urbanisation nouvelle, ils en représentent 40 %. » Enfin, la polarisation autour des villes nouvelles diminue.
Face à ce constat, et alors que s’engage la révision du schéma directeur, Mireille Ferri considère que la solution pour résoudre la crise du logement et gérer de façon économe l’espace passe par la densification urbaine. « Il n’est pas question de faire de l’urbanisme de tours et de barres. Nous souhaitons favoriser le petit collectif et la maison de ville, explique-t-elle. Fabriquer de la densité urbaine acceptable par tous exigera de la qualité urbaine avec notamment une grande attention portée aux espaces publics. »

