A l’occasion du 88ème congrès des maires et des présidents de communautés de France qui se tiendra à Paris Expo, Porte de Versailles, du 22 au 24 novembre, sur le thème: "Les maires et l'Etat", "Le Moniteur" a rencontré Jacques Pélissard, président de l'Association des maires de France (AMF).
Depuis le dernier congrès, les relations entre les maires et l’Etat se sont elles dégradées ou améliorées ?
Rien de significatif ne les a vraiment modifiées, ni dans un sens, ni dans l'autre. Mais il convient toujours de les améliorer. Nous voulons replacer cette année le couple maire/Etat au cœur de la décentralisation qui l'avait sinon oublié du moins largement passé sous silence. L'AMF souhaite aussi revisiter ces relations à l'aune d'un Etat qui, de plus en plus, territorialise ses politiques publiques et sollicite les maires pour relayer son action.
Peut-on parler d'ajustement?
En pratique, il faut corriger des comportements, faire en sorte que le rôle du maire soit mieux reconnu, ses pouvoirs confortés, qu’un meilleur équilibre soit trouvé entre les obligations et les charges des communes et les prérogatives de l’Etat. Le partenariat entre les maires et l'Etat doit être renforcé. Ces ajustements ne remettent pas en cause les principes et les règles qui les fondent. Par contre, lorsqu’on aborde par exemple les relations financières, il s’agit d’explorer les voies d’une refondation.
Quelle est votre analyse du problème des banlieues et qu'attendez-vous de l'Etat?
Face à ce problème très complexe, il faut avoir une approche cohérente et globale. Le maire se trouve au cœur du dispositif. C'est le fantassin de la sécurité sur sa commune. Il joue un rôle essentiel en matière de prévention car il connaît les attentes et les préoccupations de la population et n'hésite pas à dialoguer avec les jeunes. Le maire est responsable en matière d'équipement scolaire, il exerce la police administrative sur sa commune et veille à la sécurité des bâtiments publics. Le projet de loi annoncé en matière de prévention devrait conforter son rôle mais il faut aussi augmenter ses pouvoirs et ses moyens sur le plan juridique et financier.
Lors de notre congrès, nous aborderons ces problèmes dans nos ateliers sur le logement social, la politique de la ville et les attentes culturelles.
Le projet de loi en faveur du logement présenté par Jean-Louis Borloo accroît les pouvoirs des maires. Votre réaction?
Les maires apportent déjà une contribution importante, en augmentation constante, à la production de l'offre de logement. Nul doute qu'ils accentueront cet effort. A condition toutefois d'être sécurisés dans l'acte de construire qui devient de plus en plus difficile, compte tenu de la longueur et de la multiplication des procédures. L'Etat doit aussi aider les maires à mobiliser du foncier car la rareté et la cherté constituent un frein non négligeable. Enfin, leurs ressources globales doivent être préservées et garanties.
Nous allons analyser les orientations et les mesures inscrites dans l'engagement national pour le logement de façon à mesurer leurs conséquences pour les communes, sur le plan administratif et financier. En tout cas, les maires se mobiliseront pour que l'offre nouvelle de logement renforce la diversité et la mixité sociale de l'habitat.
Propos recueillis par Josette Dequéant
Cette interview est extraite d’un entretien publié dans le Moniteur du 18 novembre. Jacques Pélissard y aborde également le projet de loi Borloo, la réforme des dotations financière, la simplification des autorisations d’urbanisme, la taxe professionnelle, l’intercommunalité, le Code des marchés publics…