Interview

« Il faut faire preuve d'intelligence adaptative », Guillaume Hannoun, architecte et fondateur de l'agence Moon Architectures (Paris)

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Guillaume Hannoun

Comment votre agence s'est-elle positionnée sur le hors-site ?

En 2016, nous avons livré « Promesse de l'aube », un centre d'hébergement d'urgence à Paris XVIe . Un projet pensé comme réversible et déplaçable. De fil en aiguille s'est posée la question du meilleur système constructif, léger et rapide à mettre en œuvre. La construction modulaire 3D en ossature bois s'est imposée car adaptée au programme, au budget, au site et aux délais, avec deux types de modules combinés.

C'est là notre démarrage dans le hors-site. Depuis, l'agence s'est affirmée sur ce créneau. Nous en faisons de plus en plus et nous travaillons sur plusieurs axes, à commencer par la décarbonation : construire à coût abordable en biosourcé (bois, chanvre, paille, etc.) grâce à l'effet de levier de l'industrialisation. Cela requiert un important travail de conception et d'études, en amont et dans l'atelier de préfabrication.

La décarbonation escomptée est-elle au rendez-vous ?

Il est vrai que les modules préfabriqués sont acheminés in situ par camions, depuis leur lieu de fabrication, mais c'est un produit fini et sec qui est livré. Il ne reste qu'à l'assembler et l'habiller. Leur valeur ajoutée se trouve là. Des études en attestent, comme celle du BET Tribu Energie pour notre projet de résidence sociale en cours de construction à Nantes (lire p. 26), mais aussi celle réalisée en 2021, par Philippe Rizzotti Architecte et l'ETH Zurich, pour le pavillon de l'Arsenal et l'exposition « L'empreinte d'un habitat. Construire léger et décarboné ». Ce sont des calculs particulièrement complexes, hors de portée d'une agence comme la nôtre.

Ce procédé ne risque-t-il pas de générer une architecture répétitive et, somme toute, contre-productive ?

Il permet surtout de construire de manière plus vertueuse. Mais il faut trouver le chemin de crête entre rationalisation et architecture hyper-générique, en évitant la monotonie : l'ultra-standardisation peut faire peur. La solution réside, pour partie, dans la combinatoire entre modules, tout en restant très contextuel. A partir d'un même élément, notre travail articule cette rationalisation et la manière de les assembler, d'en définir l'enveloppe, etc. Le risque serait de « donner les clés » à des industriels qui connaissent bien leurs produits, sans nécessairement posséder une vision architecturale. Il faut faire preuve d'intelligence adaptative : c'est la mission de l'architecte !

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