Historiquement positionné dans les zones commerciales périphériques, Ikea peaufine sa stratégie de développement autour de trois catégories de magasins : « city », « atelier de conception » et « décoration ». Objectif : pénétrer le cœur des métropoles et villes moyennes.
« En centre-ville, nous sommes partis d’une feuille blanche. Nous nous adaptons en permanence selon les retours des clients », affirme Emma Recco, directrice de la stratégie et du développement d’Ikea France (12 000 salariés, 3,2Mds€ de CA en 2022).
Nouveau chapitre à Paris
A Paris, la période d’apprentissage est révolue. Ouvert en grandes pompes en 2019, le premier Ikea City doit quitter le quartier chic de la Madeleine pour le centre commercial Italie 2, que la foncière du groupe a racheté cette année.
L’idée est de passer de 5400m² sans espace de stockage à 5800m² de surface commerciale et 2600m² de stockage. Un appel d’offres pour la menuiserie, l’électricité, l’agencement… est prévu ces prochaines semaines, pour une ouverture d’ici à l’été prochain.
En parallèle, des travaux d’optimisation sont en cours rue de Rivoli, dans son deuxième site parisien. Avenue Daumesnil, la surface de son troisième magasin a été doublée cette année pour atteindre 740m² et ainsi élargir sa gamme de produits.
Ces ateliers de conception sont un poil plus spacieux que les Ikea Décoration. D’une surface inférieure à 600m², ce type de local ne vend pas de gros produits. Les clients peuvent repartir avec des ustensiles de cuisine, des objets pour la salle de bain…
Multiplier les petits formats en centre-ville
Les petits formats Ikea logent dans des pieds d’immeubles comme à Besançon ou dans des centres commerciaux situés en ville, de Bordeaux à Marseille.
Citons également Toulouse, où Ikea a pris ses quartiers dans Les Boutiques Saint-Georges, en complément de son grand magasin à Roques, en périphérie et inadapté aux mobilités douces. « S’installer dans une galerie commerciale, c’est une entorse à notre stratégie historique qui consiste à être propriétaire car nous nous inscrivons sur plusieurs décennies », analyse Emma Recco.
Ikea détient la plupart de ses 36 magasins hexagonaux. « Investir dans le bâtiment et le terrain permet de développer le projet comme nous l’entendons, de maîtriser la construction, la maintenance et quand nous devons faire évoluer les choses, nous savons comment nous y prendre », développe-t-elle.
Le patrimoine d’Ikea est constitué principalement de « grosses boîtes bleues de 25 000m² à 35 000m², dont au moins 25% sont consacrés au stockage », présente-t-elle. Le dernier grand magasin a été livré en 2022 à Nice (Alpes-Maritimes). Il n’y en a aucun dans le « pipe ».
Deux nouveaux entrepôts d’ici à 2026
La croissance des ventes en lignes suppose de muscler le maillage d’entrepôts et de revoir les flux logistiques. En France, troisième marché du groupe, Ikea mise sur la construction d’un bâtiment de 60 000m², sur un foncier de 16ha dans le port de Limay-Porcheville (Yvelines) dont il est amodiataire. Sa mise en service est annoncée en 2026.
Situé à proximité de la Seine, cet entrepôt neuf doit permettre à Ikea de développer le transport fluvial au nom de la décarbonation, en complément des 50 000m² loués sur deux niveaux dans le port de Gennevilliers (Hauts-de-Seine).
Propriétaire de quatre autres entrepôts, Ikea compte louer, à partir de mi-2024, les 10 000m² d’un entrepôt en cours de construction à Toulouse (Haute-Garonne).
Producteur d’énergie décarbonée
Comme d’autres acteurs de l’immobilier commercial et logistique, Ikea est incité par le législateur à investir dans les énergies renouvelables. Et la multinationale, qui vise l’autoconsommation, est plutôt bien avancée : 23 de ses 41 sites français sont équipés de 57 000 panneaux photovoltaïques, soit 13,9M kWh produits en 2022.
Le groupe mise également sur l’éolien terrestre, mais ne dit pas s’il est propriétaire des 6 sites dotés de 43 éoliennes. L’énergie produite n’alimente pas les magasins, mais le réseau.
Le montant investi pour chaque projet immobilier ou énergétique est confidentiel. Ikea communique 1,2Md€ d’investissement entre 2023 et 2026.
