On connaissait Idex pour ses réseaux de chaleur (64 au total pour un linéaire global de 450 km), son expertise dans la gestion technique des bâtiments (18 000 en exploitation actuellement) ou plus récemment sa nouvelle activité d’ombrières photovoltaïques.
Mais le groupe qui se présente comme « une start-up de 60 ans et 6300 collaborateurs » (dixit Nicolas Daniel, son directeur de la stratégie), gère également 13 usines de valorisation de déchets en énergie et 20 usines de production d’énergie pour l'industrie.
« Idex accompagne de nombreux acteurs industriels dans leur décarbonation et particulièrement dans le secteur de l’agroalimentaire », confirme Nicolas Daniel. « Nous transformons de la biomasse locale, que nous sourçons dans un rayon de 100 à 150 km autour de l’actif industriel, en vapeur pour le site. »
Coproduits
Dernier exemple en date : à Cérense dans la Manche, Idex a livré pour LIS, filiale du groupe de production d’alimentation animale Lesaffre, une centrale biomasse de production de vapeur. « Avec une capacité de production annuelle d’énergie de 77 000 MWh, elle contribuera à éviter l’émission de 13 500 tonnes de CO2 par an », assure Nicolas Daniel.
Toujours dans un esprit « local », Idex utilise comme biomasse pour alimenter en énergie le fromager Bel, les haies bocagères des producteurs de lait. « Et les cendres issues de leur combustion sont réutilisées en épandage auprès de ces mêmes agriculteurs », ajoute Nicolas Daniel.
Une logique d’économie circulaire, qu’Idex a appliquée également chez Heineken. « Nous utilisons un coproduit du processus de production de bière pour produire de la vapeur. Nous valorisons et transformons les fibres de drèche, le résidu de l'orge après soutirage du moût en brasserie, pour produire de la vapeur.»
C’est là l’une des caractéristiques du groupe, acteur intégré sur toute la chaîne de valeur des énergies locales bas carbone : offrir des solutions clés en mains de manière « agnostique ». « Nous prenons la meilleure énergie en fonction du contexte local », assure Nicolas Daniel.
Des configurations à inventer
Revenons aux réseaux de chaleur. Si, pour les alimenter, Idex doit répondre aux cahiers des charges précis des villes (souvent accompagnées d’une assistance à maîtrise d’ouvrage) sur l’énergie à utiliser (biomasse, géothermie…), il ne s’interdit pas d’innover. « Pour le réseau de chaleur d’Agen que nous venons de remporter, notre mix est varié. Notre chaleur principale provient d’une usine de valorisation de déchets. Et nous sommes allés plus loin en allant récupérer la chaleur fatale d’un industriel local, l’équarrisseur Atemax, que nous avons réinjectée dans le réseau de chaleur. Ce dispositif lui procure un complément de revenu et la chaleur des Agenais est verdie et remplace le gaz. Les configurations sont donc à inventer à chaque fois », raconte Nicolas Daniel.
En tout état de cause, ces solutions de décarbonation sont à chaque fois proposées « clés en mains » et surtout financées. « Selon le profil de nos clients nous leur proposons un type de décarbonation adapté : via un réseau de chaleur, via une petite chaufferie biomasse, ou de la géothermie de surface. Nous optimisons les aides disponibles pour le financement de ces solutions et supportons le reste à charge. Nous nous engageons avec lui sur une durée, qui dépend du montant de notre investissement et lui apportons une garantie de performance, un engagement sur une réduction de la consommation d’énergie. »
Tiers-financement
Une méthode qui a trouvé récemment sa concrétisation avec la création du dispositif de marché global de performance énergétique à paiement différé. « Nous sommes convaincus par ce modèle qui donne la possibilité à un acteur public de financer tout ou partie de ses investissements. Pour l’instant, un seul dossier a été validé et nous attendons avec impatience le lancement des prochains marchés validés par Fin Infra », espère Nicolas Daniel.
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Cette expertise, le groupe, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 2,3 Mds d’euros en 2023, l’exporte en Europe. En Belgique, le groupe possède une plateforme de production de chaleur et d’électricité pour le bâtiment via la technologie des micro-cogénérations et en Lituanie, Idex Baltic développe et exploite des centrales de production d'énergie à partir de biomasse. « Notre stratégie est d’une part de consolider ces activités sur un de nos métiers de base avant de développer des services sur nos autres expertises et d’autre part de regarder pour nous développer sur d’autres géographies. Nous étudions plusieurs dossiers notamment en Europe du sud », conclut Nicolas Daniel.
Idex souffle le chaud ET le froid
Idex possède cinq réseaux de froid en France. Le plus emblématique est celui de La Défense. « Nous alimentons l’ensemble des tours et certains data centers de ce quartier d’affaires. Et nous faisons également du stockage : nous produisons du froid la nuit en consommant de l’électricité en heures creuses et le stockons dans une piscine de 6 bassins de 1000 m3. Ce froid est ensuite destocké en journée pour alimenter les bureaux de La Défense en climatisation. » Idex gère également des réseaux de froid à Boulogne-Billancourt, Annecy (la première boucle lacustre de France) et à Nice Méridia. « Là-bas le froid est produit pour des clients tertiaires et est ensuite récupéré pour le rafraîchissement de bâtiments résidentiels », explique Nicolas Daniel. Enfin, Idex produit également du froid au sein des bâtiments avec des thermofrigo pompes comme au CHU d’Amiens par exemple.