Demandeurs d’un logement social, agréments obtenus, mises en chantier… Les chiffres clés du monde HLM émanent habituellement de l’Union sociale pour l’habitat (USH), en amont du Congrès HLM, dont la prochaine édition est organisée à Montpellier du 24 au 26 septembre.
Cette année, il faudra aussi compter sur l’Agence nationale de contrôle du logement social (Ancols) qui dresse, le 5 septembre, son « panorama » du secteur. Une première depuis la création en 2015 de cet établissement public administratif, qui dépend du ministère de la Transition écologique.
« Nous avons réalisé un travail d’éditorialisation sur la base de nos études thématiques, comme la rénovation thermique, et des données divers, comme la masse salariale ou le chiffre d’affaires, que nous obtenons lors des contrôles des organismes HLM, explique Serge Bossini, directeur général. Le panorama, qui reprend des chiffres de 2022 ou 2023, ne se lit pas comme un roman. Le grand public et les experts de tel ou tel sujet sur le logement social viendront y piocher des informations sur une question donnée. »
La Bourgogne-Franche Comté, championne de la démolition
L’esprit de synthèse de l’agence s’accompagne d’une volonté de pédagogie à propos de « la représentation qu’on peut avoir du logement social », souligne le dirigeant. Premier exemple : le parc social est composé à 15% de logements individuels, et pas uniquement d’immeubles, en particulier des tours et des barres.
Idem pour les attributaires. « Dans un cas sur deux, ils sont en emploi. Le logement social n’est pas que pour les ménages très modestes », insiste Serge Bossini. Concernant la rotation au sein du parc HLM, « il n’y a pas d’assignation à résidence : un ménage sur deux quitte son logement au bout de cinq ans », illustre-t-il. Reste que « plus la tension est élevée, plus la mobilité est faible », lit-on dans le document de 37 pages. De quoi compliquer les parcours résidentiels dans les territoires caractérisés par un manque d’offre et une demande en hausse.
Citons également des données relatives aux chantiers. Au rayon rénovation urbaine : « la Bourgogne-Franche Comté est la région avec le plus de démolitions en proportion » avec un taux de 5,7 % par an, soit près de 3% du parc entre 2018 et 2022, selon le panorama de l’Ancols.
Sur la même période, la Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’Occitanie, la Guyane et la Réunion affichent les plus fortes dynamiques en matière d’offre nouvelle. En effet, le poids moyen annuel des mises en service de logements sociaux rapporté au parc existant s’élève à plus de 4% dans ces régions en croissance démographique. Elle est inférieure à 1% dans les Hauts-de-France, le Grand Est ou encore la Normandie.
Plus de solidarité entre organismes
Concernant le sentiment de manque de soutien financier de la part des pouvoirs publics chez les bailleurs, l’Ancols persiste et signe. « Si les investissements réalisés ont diminué d’environ 1Md€ entre 2019 et 2022, la trésorerie disponible a elle augmenté de 3,5Mds€ pour atteindre 17Mds€ » hors inflation, lit-on dans le panorama.
Sur la base des données arrêtées à fin 2021, donc avant la période inflationniste synonyme de hausse rapide du taux du Livret A (qui finance le logement social), l’agence concluait que « l’effet de la RLS (avait) été entièrement absorbé » par les organismes, de façon global. Instaurée en 2018, la réduction de loyer de solidarité grève leurs recettes annuelles de plus d’1Md€.
« Le niveau de construction à la baisse de logements sociaux ne vient pas uniquement d’un problème d’argent, observe Serge Bossini. Ne minimisons pas les autres freins : en interne, le manque de compétences pour faire de la maîtrise d’ouvrage directe, en externe, le foncier, et en externe, le foncier ou encore les politiques locales qui ne favorisent pas toujours le développement du logement social. »
« Dans certains département détendus, éloignés des métropoles, des acteurs voient leurs réserves s’accumuler et ne peuvent pas investir, ni dans la rénovation ni dans la construction, car leur parc est en bon état et la demande est faible », affirme encore le dirigeant, qui suggère d’actionner le levier solidaire des « péréquations de capitaux entre bailleurs ».