Interview

« Actuellement la SAC, c’est l’amicale des boulistes », Yannick Borde (Procivis Logement Social)

Après avoir accueilli Aveyron Habitat fin mars, Procivis Logement Social ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Décryptage de la stratégie du bailleur social par Yannick Borde, son président.

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Yannick Borde, président de Procivis Logement Social.

Le réseau Procivis est devenu en 2020 le groupe Procivis Logement Social (PLS), une société anonyme simplifiée. Pourquoi ne pas avoir opté pour la Société Anonyme de Coordination (SAC), comme le permet la loi Elan ?

Quand la loi Elan a été promulguée, nous étions un réseau composé de 7 Sociétés anonymes coopératives d'intérêt collectif pour l'accession à la propriété (Sacicap) qui détenaient des ESH. Chacune des ESH devait trouver une solution. Nous sommes des anti-SAC, parce que les textes prévoient que l’actionnaire d’origine perde sa gouvernance au profit de la SAC. Actuellement, la SAC, c’est l’amicale des boulistes. Parce que la SAC implique une notion de stratégie commune, de circulation de fonds entre les membres, de solidarité financière… et je ne suis pas sûr que tout le monde l’ait bien saisi. C’est d'ailleurs le but de la réforme du logement social : faire en sorte qu’il y ait moins d’organisme de logement social. Or, nous souhaitions maintenir la gouvernance de nos ESH en intégralité et dans la durée. Les 7 Sacicap ont toutes reçu l’agrément de la DHUP, le groupe est en place.

Un an après la création du groupe, des synergies ont-elles été créées ?

Je sors d’un cycle de réunions avec les membres de PLS, et j’estime qu’une vraie dynamique a été créée entre les sept dirigeants des Sacicap. Ces derniers ont su transmettre cette dynamique aux ESH, et à leurs équipes. Si bien, que des groupes de travail – dédiés à l’achat d’énergie en groupement, aux CEE, à la construction de gendarmerie dont l’une de nos ESH est experte… – ont été mis en place pour partager les expertises. On aurait pu s’arrêter au stade de l’amicale des boulistes, mais nous sommes allés plus loin.

Quels ont été vos résultats en 2020 ?

Nous gérons 40 000 logements, et avons obtenu l’agrément pour 1 200 logements. Pour 2021, nous nous fixons un objectif similaire, soit un développement de l’ordre de 3% du patrimoine.

Vous avez accueilli l’OPH Aveyron Habitat à la fin du mois de mars. Comment s’est déroulé l’adhésion ?

Nous avons travaillé sur le rapprochement d’Aveyron Habitat et du groupe PLS pendant une année. Nous nous avions une Sacicap et une ESH bien implantées sur le territoire (la société Procivis Sud Massif Central et sa filiale l’ESH Sud Massif Central Habitat). Et des connexions entre les dirigeants étaient déjà en place. L’OPH va devenir une ESH, les fonctionnaires passeront sous statut privé (à l’exception de deux personnes, proche de la retraite, qui termineront leur carrière au sein du département), et le département restera actionnaire majoritaire de la structure. Le groupe PLS entrera au capital, tout comme la Sacicap locale. Avec Aveyron Habitat, nous gérons désormais 46 000 logements sociaux.

Souhaitez-vous accueillir d’autres organismes de logement social ?

Un autre dossier, que nous devrions boucler mi-mai, devrait nous faire approcher le seuil des 55 000 logements gérés. Enfin, un troisième office pourrait nous rejoindre d’ici la fin de l’année, voir le début de l’année 2022. Il s’agit d’un organisme qui gère 2 000 à 3 000 logements. Nous avons également été approchés par un organisme gérant près de 20 000 HLM, qui pense que le seuil des 12 000 logements gérés n’est qu’une étape. Nous sommes en réflexion.

Nous allons donc diffuser une documentation qui présente la philosophie de PLS, qui est un groupe véritablement décentralisé. Et qui propose une palette de solutions immobilières : de la promotion privée, de l’accession sociale à la propriété privée, des services immobiliers – nous gérons 700 000 lots, nous avons créé il y a deux ans une foncière, et nous avons une certaine proximité avec le monde HLM. Le tout, sur l’ensemble du territoire.

Nous ciblons les SAC mal mariées, ceux qui se sont regroupés sans avoir ficelé de projet commun. Ces derniers doivent étudier les clauses de sorties de la SAC prévues dans les statuts. Nous nous adresserons également aux bailleurs sociaux qui se situent juste au-dessus de la ligne de flottaison (12 000 HLM générés, NDLR), car je suis intimement convaincu que les objectifs de regroupements ne s’arrêteront pas là. Rappelons-nous qu’au début des négociations, il était question d’un seuil à 100 000 logements sociaux gérés…

Souhaitez-vous améliorer votre positionnement géographique ?

Nous sommes présents sur toutes les métropoles et dans de très nombreuses villes moyennes. Nous souhaitons tout de même nous implanter sur certaines d’entre-elles, comme Orléans, Dijon, Le Mans… Nous observons par ailleurs une forte présence du réseau dans les villes plus petites, comme Valences, Rodez…

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