Les anneaux olympiques qui trônent devant l'entrée rappelleront, pour des générations, quelles hautes luttes se sont livrées là l'an dernier. Mais, depuis le début du mois de juin et son ouverture définitive, l'ambiance est tout autre dans le Centre aquatique olympique (CAO) de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
A l'atmosphère feutrée des compétitions de plongeon des Jeux de Paris 2024, où les sauts s'effectuaient sans bruit ni éclaboussures, ont succédé les rires, les grands « ploufs », le son de l'eau brassée et les conversations de bout de ligne qui font le quotidien d'une piscine publique. Surtout, à l'issue des derniers travaux engagés une fois la flamme éteinte, l'équipement a trouvé sa configuration finale, le fameux mode « héritage » qui doit assurer aux constructions olympiques de ne pas devenir des « éléphants blancs ». Par le passé, trop de villes hôtes s'étaient en effet retrouvées avec les carcasses vides d'enceintes sportives surdimensionnées et trop coûteuses à entretenir, une fois l'événement achevé.
La bonne échelle
Porté par la Métropole du Grand Paris, le CAO a représenté l'une des rares grandes constructions neuves réalisées pour les Jeux. « Mais avec toute l'équipe, nous l'avons conçu pour l'après et pour les gens du territoire », insistent ses architectes, Laure Mériaud d'Ateliers 2/3/4/ et Cécilia Gross de VenhoevenCS. Dans le cadre d'un groupement mené par Bouygues Bâtiment Ile-de-France, les deux agences, l'une française, l'autre néerlandaise, devaient envisager que l'équipement fasse ensuite office d'édifice emblématique du nouveau quartier de la Plaine Saulnier, appelé à se développer entre Saint-Denis Pleyel et le Stade de France. Les conceptrices en plaisantent parfois : « Le CAO pourrait tenir à l'intérieur du stade. » Il leur a cependant fallu trouver le bon emplacement, la bonne échelle pour qu'avec ses 15 000 m² SP, leur bâtiment n'ait pas l'air ridiculement petit.
Elevée sur un solide socle en béton, sa halle tout en bois et au toit élancé ne démérite pas. Mais ce jeu complexe de courbes et de contre-courbes a bien d'autres ambitions que de s'affirmer dans le paysage. L'enveloppe et sa structure ont été calculées pour créer le volume le plus juste. Avec sa toiture qui se hausse au-dessus du grand plongeoir pour s'abaisser ensuite, le CAO ne gaspille pas les mètres cubes d'air, et c'est autant d'économies de chauffage promises. De même, les dimensions du grand bassin ont été ajustées pour qu'il puisse accueillir tous types de compétitions sans être exceptionnellement long, grâce à des parois séparatives mobiles. Enfin, sa cuve présente des pans inclinés pour limiter son remplissage. « Les gains de performance permis par ces réductions de 50 % du volume d'air et de 25 % du volume d'eau vont se vérifier à partir de maintenant, en phase héritage », remarquent Laure Mériaud et Cécilia Gross.
Plaisirs de l'eau
Outre ce grand bain atypique, les usagers profitent désormais des autres activités proposées par le CAO. Ils goûtent les plaisirs de l'eau, dans la zone aqualudique aménagée dans le socle du bâtiment. Un autre bassin est, quant à lui, dédié à l'apprentissage de la natation pour tous les publics. L'enjeu est d'importance dans le département de Seine-Saint-Denis où, en 2021, près de trois quarts des enfants ne savaient pas nager à leur entrée en 6e , selon une étude de l'académie de Créteil.
Partout dans ces espaces carrelés de grès cérame gris ou de céramique verte, l'ambiance est sobre. Mais elle est ouverte et lumineuse. Des baies offrent des vues d'un espace à l'autre ou vers l'extérieur, tout en garantissant l'intimité des utilisateurs. Dans la grande halle, ce que toute la signalétique des JO avait occulté a réapparu : de grands tympans vitrés laissent entrer la lumière à flots et, à l'est, font du Stade de France un parfait fond de scène.







Informations techniques
Maîtrise d'ouvrage : Métropole du Grand Paris.
Maîtrise d'ouvrage déléguée et concessionnaire : Simbala (Bouygues Bâtiment IDF, Récréa et Omnes).
Maîtrise d'œuvre : Ateliers 2/3/4/ et VenhoevenCS (architectes), SBP (structure et façade), Inex (fluides et électricité), Katene (traitement d'eau), Inddigo (HQE), Peutz (acoustique).
Principales entreprises : Bouygues Bâtiment IDF (mandataire du groupement), Mathis (charpente bois), Mtechbuild (façades).
Coût total de l'opération : 151 M€ HT.