Un nouveau chapitre s'ouvre au Grand Palais avec l'achèvement de sa rénovation

Il y a un an, ils pavoisaient aux couleurs des Jeux de Paris 2024. Trois sites franciliens, dont l'immense édifice parisien, sont désormais rendus à la vie publique après d'ultimes travaux.

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Entre l'espace d'accueil du corps central et la nef, la grande porte serlienne (du nom de l'architecte italien du XVIe siècle Sebastiano Serlio) a été désobstruée, mais vitrée (à gauche).

A s'égailler dans Paris, les Jeux olympiques et paralympiques de 2024 se sont offerts des décors grandioses. La cérémonie d'ouverture du 26 juillet sur la Seine, la tour Eiffel en totem des matchs de beach-volley ou les cyclistes à la conquête de la butte Montmartre sont entrés dans la légende, tout comme les assauts des épéistes sous les voûtes célestes du Grand Palais. La restauration de ce dernier a permis de livrer la nef juste à temps pour accueillir les épreuves d'escrime et de taekwondo.

Depuis, le chantier mené par l'agence de l'architecte en chef des monuments historiques François Chatillon s'est poursuivi pour achever de rénover et réaménager en totalité les 72 000 m² de l'édifice. Le 20 juin dernier, le public a retrouvé le grand vaisseau amarré au sud des Champs-Elysées (VIIIe) depuis l'Exposition universelle de 1900 et découvert ses espaces d'accueil et d'exposition dans une unité qu'ils avaient depuis longtemps perdue.

Transparence

L'opération, qui sera terminée quand les salles du palais d'Antin (aile ouest) rouvriront en 2026, marque la fin d'un cycle de travaux engagé dès 2001. Il faut alors sauver la nef qui, au gré des mouvements du lit de la Seine, s'est enfoncée dans le sol. Les effets de torsion sur la charpente métallique font éclater les rivets et la verrière menace de se briser. Cette intervention transfigure le monument classé en 2000 : un verre lisse remplace le matériau armé d'origine. Soudain, sa toiture devient transparente.

Deux décennies et quelques interventions plus tard, tout le Grand Palais ferme le 12 mars 2021. « Il restait dans un état imparfait et ses installations techniques étaient fatiguées », rappelle Daniel Sancho, directeur du projet de restauration pour l'établissement Grand Palais-Réunion des musées nationaux. La liste des sujets à traiter est longue : redonner accès aux balcons de la nef, multiplier les issues de secours, les escaliers, les ascenseurs, ouvrir des ventelles de désenfumage… Dans cette opération, beaucoup est ajouté, en toute discrétion. Plus encore est supprimé.

Dès sa conception, le monument a été le résultat composite du travail d'un trio d'architectes, Henri Deglane, Albert Louvet et Albert Thomas, supervisés par un quatrième, Charles Girault, tous plus ou moins ouverts à la modernité de leur temps. A défaut d'unité de style, l'édifice présentait un volume cohérent qui a vite été morcelé. En 1937, la création du Palais de la découverte a isolé le palais d'Antin. Quant au corps central, il est devenu inexistant à force d'avoir été entresolé et cloisonné.

Vision continue

Aujourd'hui, François Chatillon en plaisante : « Pendant ces travaux, nous n'avons rien fait, si ce n'est enlever tout ce qui bouchait la vue. » Les partitions ont été démolies, permettant de dégager quelque 3 000 m² qui forment le nouvel accès principal et permettent de rejoindre les galeries d'exposition. A la croisée des perspectives qui traversent le monument, ce lieu d'accueil et de détente donne à la fois sur l'avenue du Général-Eisenhower, côté Champs-Elysées, et sur les jardins, côté Seine. De là, le visiteur a aussi une vision continue, de la rotonde du palais d'Antin au dôme de la nef et même au-delà, jusqu'au Petit Palais voisin. Toutefois, pour des raisons de sécurité, la nef conserve son accès dédié et est séparée par un double mur du reste du monument. Toutes les ouvertures, préexistantes ou nouvellement percées, sont donc vitrées et infranchissables.

Concepteur des aménagements additionnels et mobiles comme la boutique, la banque d'accueil et divers mobiliers du palais de verre et de fer, L'Atelier Senzu a opté pour le contrepied et misé sur la terre cuite, la céramique et, plus largement, les teintes ocre et rouille. « La terre est chaleureuse, universelle et surtout écologique », expliquent les architectes Wandrille Marchais et David Dottelonde. Ce choix peut aussi être compris comme un clin d'œil à la terre battue qui a longtemps recouvert le sol de la nef.

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Informations techniques

Maîtrise d'ouvrage : Grand Palais RMN.

Restauration : maîtrise d'œuvre par Chatillon Architectes (architecte, mandataire), Igrec (BE structure), Ingérop (BE fluides), 8'18'' (conception lumières), AVA (acoustique). Principales entreprises : Pradeau Morin (pierre de taille), VLD (serrurerie d'art), Socra (restauration de mosaïques), Chevalier (structure, maçonnerie), Vulcain (menuiserie métallique), Verre & Métal (restauration de dalles de verre).

Aménagements, design : maîtrise d'œuvre par L'Atelier Senzu (architecte, mandataire), Samy Rio (designer, cotraitant), 2X4 (signaléticien, cotraitant). Principales entreprises : Xilografia Nuova SRL (mobilier), Terreal et Terre de Bourgogne (modules en terre).

Coût total des travaux : 466 M€ HT.

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