Alors que, l'an dernier, les plus grands champions de VTT livraient bataille sur les pentes de la colline d'Elancourt (Yvelines), dans l'agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, depuis le 17 mai, l'expérience est ouverte à tous, aux grimpeurs aguerris comme aux amateurs de saut débutants. Et même aux marcheurs et aux flâneurs. Livré pour les Jeux olympiques en avril 2024, le site a été remanié à partir de septembre dernier pour devenir plus polyvalent.
Des parcours bleu, vert et rouge sont venus s'ajouter à la piste noire qui reprend les étapes à grands frissons des JO. A ces 10 km de virages et de bosses sous les frondaisons, s'ajoute le pump-track, un ruban ondulé ouvert aux cycles, aux skaters, aux rollers et aux trottinettes, établi en entrée de site. Enfin, 12 km sont destinés à être arpentés à pied, et les jeux pour enfants - pensés comme des amas de troncs sauvages - ou encore de longs bancs viennent compléter la panoplie normale d'un grand parc naturel public.
Mont touffu
Normal, rien ne l'était pourtant, dans l'histoire de ce site. A commencer par l'existence d'un promontoire. Proclamé point culminant de l'Ile-de-France, avec ses 231 m dressés à l'ouest de Paris, il n'est même pas une authentique formation géologique. Au XIXe siècle, il s'agissait plutôt d'un trou, puisqu'une carrière d'argile était exploitée là. Puis, au fil des grands chantiers alentour, notamment ceux de la construction des villes nouvelles, des remblais sont venus s'y empiler jusqu'à atteindre leur hauteur actuelle dans les années 1990. Quelques aménagements et l'installation d'une végétation spontanée en ont fait un mont touffu, déjà repéré par des VTTistes et des promeneurs.
« Ce lieu restait tout de même assez hostile. Et c'était une grande poubelle », tient à rappeler la paysagiste Claire Trapenard, associée fondatrice de l'agence D'ici Là qui, à partir de 2022, a mené la transformation des 52 ha de la colline sous la maîtrise d'ouvrage de la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solidéo). « Même si certains le fréquentaient en effet, ce milieu était très dense, très fermé, pas très rassurant donc. De plus, au lancement du projet, l'état des sols n'était pas connu. Nous avons eu à maîtriser des concentrations de pollution, parfois par retrait des terres, mais surtout avec des techniques permettant de les conserver en place », explique-t-elle. Le grand chambardement opéré pour modeler l'espace a d'ailleurs fait remonter des déchets, telles les carcasses de voitures d'une ancienne casse, qu'il a fallu éliminer.
Masse végétale allégée
En cet été 2025, le paysage s'épanouit avec un aspect rustique, sauvage même, mais qui ne doit rien au hasard. « Le programme JO de départ était très directif sur les besoins sportifs mais nous avons toujours agi dans l'idée que le lieu, à terme, serait un parc et que nous devions établir une juste cohabitation entre l'homme et la nature », affirme Claire Trapenard. Pour obtenir la configuration olympique requise, abattre des arbres était nécessaire, notamment pour dégager une zone de logistique. Plus généralement, le projet supposait d'alléger la masse végétale. Les travaux ont permis un subtil travail de lisière, strate par strate, aux bords des sentiers pour que les promenades s'ouvrent davantage vers le ciel et que les visiteurs visualisent leurs trajets plus aisément.
« Nous avons cependant bataillé pour couper le moins de sujets possible. Nous en avons aussi plantés, notamment pour densifier des bosquets, précise la paysagiste. Des milieux ont été amplifiés et des structures écologiques intéressantes ont été préservées. » Identifiées avec les services de l'Etat, des poches de nature, notamment 2,7 ha de zones humides, resteront d'ailleurs interdites au public. Mais, de la même manière que la possibilité de se baigner dans la Seine leur est désormais offerte, les Franciliens doivent aux JO d'avoir pu reconquérir un pan immense de leur territoire.






Informations techniques
Maîtrise d'ouvrage : Solidéo pour l'agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines.
Maîtrise d'œuvre : D'ici Là (paysagiste, mandataire), Egis (VRD, cotraitant), Atelier d'écologie urbaine (écologie et dépollution, cotraitant), BikeSolutions (spécialiste VTT, cotraitant).
Principales entreprises : Marcel Villette et Urban Elag pour les travaux préparatoires ; Watelet (mandataire), Eurovia et Flan Terrassement (cotraitants) pour la VRD et les pistes de VTT ; Terideal (mandataire), Eden vert et Amexbois pour les plantations et le mobilier.
Superficie : 52 ha.
Coût des travaux : 10 M€ HT.