« Il s’agit d’un modèle d’habitat inédit en France, mais que les Allemands ont développé il y plus de 30 ans à Berlin avec Frei Otto, sur le principe de plateaux superposés dans lesquels chaque propriétaire invente son habitat », explique Noël Mamère.
Plusieurs acteurs participent de ce projet : « d’abord Christophe Hutin, jeune architecte qui a travaillé sur l’habitat des shacks (baraques en bois et métal, ndlr) de Soweto, et qui m’avait reproché il y a quelques années de détruire les tours HLM de la cité Yves-Farge », poursuit le maire. « Mais l’Anru conditionnait ses aides à la destruction des tours », précise Jean-Etienne Surlève Bazeilles, adjoint à l’urbanisme et à la planification urbaine.
Quelques années plus tard, l’architecte revient avec Domofrance, premier bailleur social d’Aquitaine et propose de réaliser ce premier projet d’habitat vertical participatif : « la structure en dalle béton et poutres fines, aux grandes portées, développé par Lafarge peut s’adapter à toutes les formes urbaines, pas seulement le cube », explique l’architecte Christophe Hutin.
« Sur un plateau ouvert, le futur accédant peut concevoir son espace à vivre en utilisant une surface de 120 à 200 m2, comprenant 50% de surface habitable, 25% de surface affectée obligatoirement au jardin, 25% de surface intermédiaire qui assure une possibilité d’extension du bâti ou du jardin », poursuit-il.
Alternative au modèle pavillonnaire
« Face à l’étalement urbain et à la problématique du transport, il est nécessaire d’inventer une alternative au modèle pavillonnaire en tenant compte du contexte économique, le logement en accession sortira à 2600 euros du m2 », précise Noël Mamère.
De son côté Lafarge réalise la structure et emploiera toute une gamme de bétons « haute résistance pour les poteaux (à partir des projets en R+6), bétons étanches sur la dalle qui pourra sur ce projet porter 400 kg au m2, soit une épaisseur de 30 à 60 cm de terre, et sur les tranches ultérieures, on pourra aller jusqu’à une portance d’une tonne au m2. On utilisera aussi des bétons poreux, sur le sol autour des immeubles pour écrêter l’écoulement en période de forte précipitations, comme il arrive à Bordeaux », précise avec le sourire le Lyonnais Christophe Lévy, directeur construction innovation de Lafarge.
Ce procédé relativement simple nécessitera une approche fine des orientations et des apports solaires, permettant de créer des véritables jardins étagés dans un premier immeuble en R+3 et attique. Le permis de construire de la première tranche de 18 à 20 logements sera déposé cet été. « On va expérimenter et proposer des logements avec une grande diversité de traitement à nos accédants, dont le budget ne peut dépasser 180000 euros. Dans les programmes futurs, 2e et 3e tranche, on pourra sans doute proposer des plateaux vides avec un pool d’artisans pour réaliser son logement, mais pour déposer les premiers permis et obtenir les prêts bancaires, il faut pour l’heure proposer à la vente une surface habitable. Avec la possibilité pour les acquéreurs de réaliser les extensions, et les finitions qu’ils souhaitent», explique Philippe Dejean, directeur général de Domofrance.
