Pas moins de trois ministres étaient mobilisés pour assurer le service après-vente du CNR logement présenté le lundi 5 juin par Elisabeth Borne. Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, à la Transition énergétique, et Olivier Klein, chargé de la Ville et du Logement, ont présenté le 12 juin, devant un parterre de professionnels, leur plan pour atteindre l'objectif ambitieux des 200 000 rénovations performantes à réaliser chaque année dès 2024 (contre 60 000 aujourd'hui selon le ministère du Logement). Les mots d'ordre : massification, simplification et accompagnement.
Deux voies dédiées pour la rénovation. Pour remplacer la myriade d'aides existantes, le gouvernement propose deux piliers. Le premier, nommé « performance », sera « une voie réservée, vraiment incitative, pour que les passoires thermiques atteignent l'étiquette A, B ou C en une ou deux étapes », a expliqué Olivier Klein le lendemain, face aux sénateurs de la commission d'enquête dédiée à la politique de rénovation énergétique. Pour réaliser ces travaux, les ménages pourront compter « sur un accompagnement systématique avec Mon Accompagnateur Rénov' et un soutien financier à la hauteur nécessaire », complète Christophe Béchu. La prestation de l'accompagnateur, évaluée à 2 000 €, sera prise en charge intégralement pour les plus modestes, grâce à un nouveau programme financé par les certificats d'économie d'énergie (CEE), doté d'une enveloppe de 300 M€.
Un second volet du plan, nommé « efficacité », est dédié aux travaux « par gestes, pour accompagner la décarbonation énergétique des logements », précise Olivier Klein. Il sera principalement destiné à l'accélération du remplacement des chaudières fuel et gaz des particuliers. Il n'a pas l'ambition de faire sortir les logements de leur état de passoire thermique. Toutefois, Mon Accompagnateur Rénov' incitera les ménages à basculer sur le pilier « performance ».
Freins financiers et réglementaires à lever. Si ces annonces ont le mérite d'être claires, les sources de financement - soit le nerf de la guerre - le sont beaucoup moins. « Nous allons réformer le système des aides pour les rendre plus lisibles », avance Olivier Klein. Pour y parvenir, le gouvernement table sur l'alignement des critères d'octroi des aides issues des CEE et de MaPrimeRénov'. Cette mesure aurait également le mérite de faciliter les montages financiers des ménages.
Autre sujet : le relèvement des niveaux d'aides, pour réduire le reste à charge des ménages, et donc les inciter à franchir le pas. Une rénovation performante coûte en moyenne entre 60 000 et 80 000 €. Selon nos informations, le gouvernement tablerait sur un plafond allant jusqu'à 70 000 € dans l'individuel et 40 000 € dans le collectif pour transformer les passoires thermiques en logements « performants ». Ces aides financières doivent être embarquées par le projet de loi de finances pour 2024, et passer à travers les arbitrages de Bercy et de Matignon.
« Il faut 1 Md € de plus par an pour MaPrimeRénov' », Olivier Salleron, président de la FFB.
« Les lundis se suivent et ne se ressemblent pas. Même si cela fait hurler certains de mes adhérents, MaPrimeRénov' est pour moi un succès.
Il faut maintenant monter en puissance sur les rénovations globales : on en annonçait 500 000 en 2018, on est à 70 000 aujourd'hui.
Le financement du reste à charge est central : nous estimons qu'il faut 1 Md€ de plus par an dédié à MaPrimeRénov'. C'est beaucoup, mais cela pourrait créer un appel d'air. Il y a cependant une chose qui m'agace : contrairement à ce que l'on peut dire, nous sommes suffisamment d'artisans, TPE et PME pour massifier la rénovation énergétique. En deux ans, nous avons embauché 120 000 salariés, et plus de 600 000 des employés du secteur travaillent dans des entreprises RGE. »
