Grand Est Constructions à basse énergie : les appels à projets se multiplient

Les appels à projets pour des bâtiments économes en énergie, lancés en Alsace, Bourgogne et Franche-Comté, concourent au même objectif : créer une culture commune de la filière construction, pour répondre localement au défi mondial du développement durable et contribuer à la formalisation du label national Effinergie (1) sur la consommation énergétique des bâtiments.

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Du 27 au 30 mars à Mulhouse, les journées régionales Energivie et le premier salon national du bâtiment économe en énergie mettront en valeur deux armes stratégiques dans le combat contre le réchauffement climatique : développement du soutien aux énergies renouvelables, renforcement des moyens affectés à la diminution des consommations des bâtiments. « Avec 65 millions d’euros entre 2007 et 2013, nous décuplons l’effort conjoint de l’Ademe et de la région, par rapport au précédent contrat de Plan », annonce Jean-Luc Sadorge, directeur de l’agriculture, de la forêt, du tourisme et de l’environnement au conseil régional d’Alsace.

Subventions des régions. De leur côté, la Bourgogne et la Franche-Comté ont lancé dès 2006 des appels à projets qui ont abouti à la désignation de quinze lauréats, chargés de tenir des engagements de performance énergétique (2). Le conseil régional de Bourgogne subventionnera sept réalisations à hauteur de 200 euros par m2, dans le cadre d’un budget de 1,3 million affecté à la construction de 42 logements, la réhabilitation de 112 logements sociaux et la réalisation de deux bâtiments tertiaires.

Pour huit projets lauréats représentant une soixantaine de logements, la Franche-Comté mobilise 300 000 euros, partagés entre le conseil régional et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Les subventions atteignent 25 à 40 euros par m2 habitable, dans la limite de 40 000 euros pour les travaux. Elles prennent en charge 70 % des études liées à l’énergie.

Avec les financements du nouveau contrat Etat/région, de nouveaux appels à projets prolongent la démarche ce mois-ci en Bourgogne. La Franche-Comté suivra dans l’année. Avec un budget de 2,8 millions d’euros sur les 14,2 millions consacrés à l’énergie, le conseil régional de Franche-Comté souhaite aboutir à « un éventail de références reproductibles, principalement dans le logement collectif ».

La Bourgogne a choisi un champ plus large : plus de 50 % du plan énergie-climat de 140 millions d’euros financent les économies d’énergie des lycées et les aides aux maîtres d’ouvrage.

Stimuler l’offre. L’Alsace profite du coup de projecteur médiatique des journées Energivie pour lancer son propre appel à projets, qui aboutira à sélectionner 15 à 20 opérations pendant les deux ans à venir, en construction neuve comme en rénovation. Cette procédure concrétise le tournant annoncé en 2006 : à travers les subventions pour l’équipement solaire thermique des ménages, la stimulation de la demande du grand public avait marqué le début des années 2000. Désormais, la priorité va au renforcement de l’offre régionale.

Expression de cette politique, le lancement du cluster Energivie a rassemblé 230 professionnels, le 23 novembre, à Strasbourg : un succès confirmé par les premiers ateliers thématiques de février et mars 2007, consacrés respectivement à la maison individuelle, aux immeubles collectifs et tertiaires et à la production d’énergie renouvelable. Le processus participatif lancé par la région, avec des fabricants, des maîtres d’œuvre et des entreprises de travaux, doit aboutir en avril à une hiérarchisation des actions. « Avec près de 100 demandes d’adhésion, notre potentiel de démarrage atteint plus du double du cluster de Basse-Autriche, lors de sa création en 1998. Nous nous appuyons sur cette référence, en raison de la similitude des démarches et des échelles territoriales et démographiques », indique Christophe Moschberger, coordinateur du cluster alsacien basé au château Kiener de Colmar (3).

L’effet réseau. Compte tenu de la multiplication des initiatives alsaciennes sur le créneau du développement durable, les priorités du coordinateur vont à la capitalisation des expériences et à la concrétisation d’un effet réseau. « Nous ne voulons surtout pas nous occuper de tout. Ainsi, il n’appartient pas au cluster de mettre en place des formations sur les forages géothermiques, alors que Peren, le pôle d’excellence en énergie renouvelable d’Alsace du nord, s’est déjà engagé sur ce créneau », indique Christophe Moschberger. Energivie compte sur Peren pour mobiliser des locomotives de l’industrie régionale : De Dietrich Thermique, qui étudie la création d’une chaudière domestique biocombustible dans ses laboratoires de Mertzwiller ; Roquette Frère, qui envisage de puiser son énergie en couche géothermique profonde par la filière des roches chaudes sèches ; et Electricité de France, qui, outre son rôle dans le développement de cette dernière technologie, préside le comité de pilotage scientifique de Peren, via Christian Buchel, son délégué régional. Sous la présidence de Danièle Meyer, conseillère régionale, un comité de pilotage met en cohérence toutes les parties prenantes d’Energivie.

Au-delà du territoire alsacien, le cluster s’est doté de la compétence nécessaire à la capitalisation des expériences transfrontalières : comme responsable alsacien de l’agence Basel Agency for Sustainable Energy (Base), Christophe Moschberger a piloté la composante française du programme triennal Regioner, clos au début 2007 et destiné à favoriser les échanges d’expérience dans le Rhin supérieur.

La recherche de l’effet réseau sous-tend aussi les démarches des voisines de l’Alsace : « Les 42 candidatures à notre appel à projets révèlent une réelle motivation », commente Antoinette Gillet, vice-présidente du conseil régional de Franche-Comté en charge de l’environnement et présidente de l’association Effinergie (1). En écho, Thierry Marco, architecte de Stimulus Architecture (Poligny), l’un des lauréats, renchérit : « Cet appel à projets crée une opportunité de mobiliser techniciens, entrepreneurs et fabricants sur des solutions efficaces et durables ».

Le défi culturel. Meilleur exemple de l’effet réseau à l’échelle transfrontalière, la référence au label suisse Minergie constitue désormais le point commun entre les politiques énergétiques des trois régions de l’Est membres d’Effinergie. Outil de reproduction des expériences issues des appels à projets, le label pose le défi de l’adhésion et de la formation des composantes de la filière construction. La convention signée le 5 mars entre la région Alsace et la fédération des entrepreneurs ferblantiers, installateurs et couvreurs d’Alsace va dans ce sens, de même que le recrutement en cours, au sein de la fédération française du bâtiment Alsace, d’un « animateur Energie », financé par l’Ademe et la région. Le déblocage des freins culturels reste le défi le plus difficile à relever : Sébastien Appert, chef du projet de la maison de l’architecture de Dijon, note « le manque d’enthousiasme des architectes et des entreprises de la région, face à des projets plus exigeants ». Trois appels d’offres ont été lancés entre septembre 2006 et février 2007 pour le lot isolation.

Pierre Macchi, président de la commission environnement à la fédération du bâtiment d’Alsace, résume ainsi l’enjeu : « L’entrepreneur d’aujourd’hui travaille avec la formation qu’il a héritée de son père. A nous de le former, en nous appuyant sur des opérations de référence et sur la demande du grand public. »

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