Tout en restaurant pierre par pierre les tours de la cathédrale de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), l’entreprise TMH joue du BIM et s’investit dans la construction d’écoles au Taillan-Médoc et à Mérignac (Gironde).
Et pourtant, Alain Iviglia, gérant de TMH depuis qu’il l’a rachetée avec Philippe Delage en 2002, n’apprécie guère l’ambiance du neuf : « Dans les années 1990-2000, on a commencé à confondre les valeurs du BTP : le prix, le délai et la qualité. Normalement, la qualité prime sur le prix et le délai. Dans le neuf, j’ai vu les choses s’inverser avec une prédominance du prix et du délai sur la qualité. Ce qui n’est pas le cas dans le patrimoine où la qualité reste essentielle, sans quoi, on est exclu du marché. C’est ce qui nous sauve encore aujourd’hui. Après, le prix est important, mais le délai beaucoup moins. »
75 salariés et de nouvelles activités
Alors, il rachète à Clément Fayat– il travaillait dans une filiale du groupe – l’entreprise TMH qui était en dépôt de bilan avec 100 salariés. Elle n’en comptait plus que 15 au moment du rachat. L’entreprise en a aujourd’hui 75 et fait régulièrement travailler une vingtaine d’intérimaires.
TMH intervient pour des travaux de maçonnerie, taille de pierre, couverture, charpente et sculpture sur des monuments historiques et bâtiments patrimoniaux : cathédrale de Bayonne, Castéja (ancien commissariat de police), monument aux Girondins, pont du Gard, les cathédrales de Notre-Dame de Paris, Saint-Michel, Limoges, Pey Berland… « Nous sommes des passeurs, nous sommes là pour transmettre aux futurs propriétaires une qualité de bâti qui soit au moins identique à celle que nous avons reçue », estime le gérant.
Le neuf comme tremplin
Et même s’il garde le neuf à l’écart, il y fait quelques incursions pour des projets particuliers afin d’expérimenter de nouvelles compétences. Une stratégie nécessaire pour compenser la baisse de son activité dans la restauration : 60 à 70 % de son volume d’activité, au sein duquel les monuments historiques représentent 50 %, en raison de la baisse des crédits d’Etat et de la réforme ACMH qui a établi la mise en concurrence des architectes pour les monuments historiques. « Ça a éclaté le marché et tiré les prix vers le bas », estime-t-il.
« Nous nous sommes spécialisés dans la restauration de châteaux viticoles et grâce à un chantier au château Ferran (Gironde), j’ai développé l’activité de taille de pierre en parement agrafé », précise-t-il. Technique pour laquelle il a été choisi pour la construction d’un groupe scolaire à Mérignac avec W-Architectures. « Je vais vers le neuf quand il y a une démarche de qualité et de sensibilité », insiste-t-il. Opération qui a également permis à TMH de se lancer dans le BIM et de former ses équipes.
Dernière corde à son arc : la terre crue, pour laquelle il a formé une dizaine de salariés. « Il y a beaucoup de demandes, mais peu d’entreprises structurées pour répondre à ces marchés ; et les professionnels les plus compétents sont les maçons du patrimoine, ils ont la sensibilité du matériau », précise Alain Iviglia. Une nouvelle étape franchie dans ce domaine grâce à la construction, en cours, d’une école au Taillan-Médoc avec les agences Mil-Lieux et Node avec des murs en pisé. « C’était un test, je ne le referai pas sous cette forme-là, mais pour un château, une petite extension dans un bâtiment patrimonial… », commente Alain Iviglia.
Encore une expérience qui le fait avancer sans jamais l’éloigner du patrimoine.
