Quelle est votre vision de l’avenir de la ville et de l’agglomération ?
Pour réfléchir à l’avenir, il faut revenir au passé, à la ville romaine, une période d’apogée pour son rayonnement au nord de l’Europe, en lien avec les villes des Flandres. Amiens s’est toujours développée sur les relations économiques nord-sud, c’est pourquoi je tiens à la liaison rapide A24 vers Lille et la Belgique pour achever le nœud autoroutier dont nous bénéficions. Amiens-Arras pourrait démarrer dès 2008. Au-delà il est vrai que le tracé est plus délicat à négocier. Globalement, la position géographique d’Amiens au cœur du triangle Paris-Londres-Bruxelles implique une taille minimale qui la rend visible ou non. Même avec 26 communes greffées autour de la capitale régionale, l’agglomération d’Amiens garde une taille modeste. Elle doit donc s’agréger la campagne environnante pour monter à 340 000 habitants, c’est tout l’enjeu du pays du Grand Amiénois que nous mettons en place, suivant l’incitation de la région et de l’Etat. C’est à cette échelle que l’agence de développement et d’urbanisme va élaborer le Scot et que nous avons voulu créer la maison de l’emploi.
Quelle organisation urbaine pour ce pays ?
Les limites naturelles de la ville sont dessinées par la rocade. Autour s’épanouissent les villages, aucune place pour la banlieue, aucune espace indéterminé ni disparate. Nous souhaitons maintenir une ville aux franges nettes, qui ne s’éparpille pas. Mais dans tous les nouveaux quartiers, il faut mélanger les activités et l’habitat, l’installation de vastes usines et de petites entreprises. Par ailleurs, Amiens est une ville vaste, agréable, très aérée, où s’impose la présence de l’eau, nous tenons à ce qu’elle reste sensible partout. Ainsi, par exemple, des cônes de vision sont ménagés sur la ville historique au bord de la Somme, le long des collines qui vont être bâties avec la zone d’activités Boréalia.Amiens pousse spontanément à l’est et au nord où s’installent les entreprises mais nous devons veiller à densifier la ville même car avec les friches industrielles, les marais et les hortillonnages, elle s’étale sur un espace aussi large que Lyon trois fois plus peuplée, ce qui est très coûteux pour la collectivité. Une stratégie foncière agressive est donc indispensable : il faut bâtir dans les dents creuses et en même temps s’étendre sur les coteaux environnants car nous manquons de terrains à proposer à l’industrie.
Les projets d’envergure se concentrent à l’ouest, autour du stade La Licorne ?
En effet, avec le branchement sur l’autoroute Paris-Calais, l’ouest devient tendance, il va rassembler d’ici peu le Zénith, l’hippodrome, le palais des congrès, le parc du Grand-Marais, les opérations tertiaires privées de la rue Colbert… D’ici à 2008, ce quartier sera relié au sud grâce à la connexion au boulevard extérieur, puis l’anneau ouest se prolongera jusqu’à Montières et aux quartiers nord.
Est-ce votre projet-phare ?
L’ouest correspond à une recomposition nécessaire. Mais l’image de l’agglomération se joue sur le futur quartier tertiaire de Gare-La Vallée. Si la tête de verre aux couleurs changeantes de la tour Perret sert de repère dans la nuit, la verrière de Vasconi va animer la place de la gare, faire oublier l’austérité de l’architecture rectangulaire en béton des années cinquante, ouvrir en majesté sur un quartier du bien-être. Il offrira un mode de vie révolutionnaire, sans voiture, où l’on ira travailler à pied, où l’on ira au spectacle à pied, où il suffira de quelques minutes pour prendre le train, bref un mode de vie dans un lieu plein de charme, sur les rives de la Somme, à une heure de Paris...
Quelle part des investissements d’Amiens-Métropole reste disponible pour les communes alentour ?
Si tous les équipements dont nous avons parlé servent à l’ensemble de la population, l’agglomération investit 15 % de son budget dans les équipements de proximité, ils sont planifiés par les élus sur plusieurs années (et révisables chaque année). Les élus ont choisi des projets culturels, sportifs et beaucoup d’aménagements de voirie, 34 millions en 2006.
