Interview

« Il y a une vraie volonté partagée de s’emparer du sujet de l'achat public responsable », Charline Le Falher et Mathieu Tripault

Auteurs d'un guide à destination des acheteurs publics désireux de s’engager dans une démarche d’achat responsable, les deux consultants de l’Agence Déclic estiment que si « la clause d’insertion est extrêmement bien assimilée par tous les acheteurs publics, les autres aspects de l’achat socialement responsable sont moins bien traités alors que sur l’environnement il y a une émulation plus forte ».

.

Réservé aux abonnés
Image d'illustration de l'article
Charline Le Falher et Mathieu Tripault, consultants spécialistes de l'achat public responsable.

Que retrouve-t-on dans votre ouvrage « Formaliser sa politique d’achat responsable », paru aux Editions Territorial en février 2024 ?

Mathieu Tripault : C’est un ouvrage qui donne un panorama de tous les éléments clés pour construire sa politique d’achat responsable, de son élaboration à sa mise en pratique. Nous avons souhaité qu’il soit le plus opérationnel possible, avec beaucoup d’outils, de conseils et de retours d’expérience.

Charline Le Falher : Nous avons pu faire un benchmark de plusieurs schémas de promotion des achats socialement et écologiquement responsables (Spaser) adoptés par des collectivités et nous avons interrogé plusieurs acheteurs publics pour connaître leurs bonnes pratiques et leurs difficultés. Il y a également une partie sur les concepts essentiels et sur le contexte réglementaire.

Comment définir précisément l’achat responsable ?

C.L.F. : Beaucoup de définitions existent. Dans le livre nous donnons celle du Plan national pour l’achat durable 2015-2021 qui est vraiment axée sur l’achat public. L’achat responsable prend en compte les trois piliers du développement durable : l’environnement, le progrès social et l’économie. Il doit aussi englober l’ensemble des parties prenantes : l’acheteur, le fournisseur et aussi l’utilisateur. Enfin, l’achat responsable intègre le cycle de vie

Quel aspect de l’achat responsable est le plus développé entre le social et l’environnemental ?

M.T. : C’est assez partagé. La clause d’insertion est extrêmement bien assimilée par tous les acheteurs publics. De ce point de vue, la dimension sociale est en avance sur la dimension environnementale. Mais les autres aspects de l’achat socialement responsable sont moins bien traités alors que sur l’environnement il y a une émulation plus forte.

Quel est le degré de maturité des acheteurs publics en matière d’achat responsable ?

M.T. : Il n’est pas homogène mais il y a une vraie volonté partagée de s’emparer du sujet, soit par conviction, soit par obligation. Par exemple, nous constatons qu’il y a de plus en plus de Spaser. D’une part, parce que la loi Climat et résilience de 2021 a renforcé les obligations [depuis le 1er janvier 2023, il est obligatoire pour tous les acheteurs publics dont le montant annuel des achats est égal ou supérieur à 50 millions d’euros HT, contre 100 millions auparavant, NDLR]. D’autre part, parce que certains acheteurs non concernés par l’obligation d’établir un Spaser souhaitent quand même s’emparer de cet outil.

Quelles sont les principales difficultés rencontrées par les acheteurs publics en matière d’achat responsable ?

M.T. : La première est le portage politique. L’achat responsable est à la fois un outil au service des politiques publiques et une politique publique en tant que tel. Il faut trouver l’équilibre et la bonne gouvernance.

C.L.F. : La seconde difficulté réside dans le suivi de la politique d’achat responsable et des indicateurs. Il y a des interrogations sur leur choix, leur récolte et leur utilisation.

Quelles sont les principales étapes pour formaliser une politique d’achat public responsable ?

C.L.F. : Il y a trois grands temps. Le premier est de réaliser un état des lieux des politiques publiques existantes et des pratiques déjà à l’œuvre en matière d’achat responsable. Ensuite il faut construire une stratégie. Enfin il faut établir une feuille de route, pour passer du constat à l’atteinte des objectifs fixés dans la feuille de route.

« Formaliser sa politique d’achat responsable », par Charline Le Falher et Mathieu Tripault, éditions Territorial, 122 pages, 69 euros (55 euros en e-book).

Abonnés
Analyses de jurisprudence
Toute l’expertise juridique du Moniteur avec plus de 6000 commentaires et 25 ans d’historique
Je découvreOpens in new window
Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !
Détectez vos opportunités d’affaires