Le bâtiment entre en récession, annonce la FFB

Dans son analyse conjoncturelle de fin d’année, la Fédération française du bâtiment a confirmé par la voix de son président Olivier Salleron que « la catastrophe annoncée était bien là ».

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Olivier Salleron, président de la FFb, à l'issue du CNR Logement
Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB).

Après trois années où les crises se sont succédées, le secteur du bâtiment a démontré sa résilience. Mais, en cette fin d’année 2023, tous les indicateurs, ou presque, convergent pour dessiner une inévitable récession en 2024.

« Nous étions tournés vers le plein emploi, ce ne sera plus le cas, constate à regret le président de la FFB, Olivier Salleron. Nous nous dirigeons vers deux ans de crise si le Projet de loi de finances pour 2024, de retour devant l'Assemblée nationale, n’intègre pas de décisions fortes. »

Alors que le secteur avait créé 20 600 emplois en 2022, l’année écoulée illustre, en effet, un inversement de tendance. A fin 2023, 3 000 postes salariés et intérimaires en équivalent temps plein (ETP) auront été détruits, selon la FFB. Et pour 2024, l'organisation professionnelle anticipe 90 000 destructions de plus. Ce ne sont pas moins de 150 000 emplois qui pourraient être menacés dans les deux ans.

Retrouvez Olivier Salleron dans le premier épisode de notre podcast « Bâtir pour le climat », à écouter sur toutes les plateformes.

Bâtir pour le climat

« Nous ne serons plus un secteur sous tension », constate Olivier Salleron, en référence à l’article 3 du projet de loi immigration qui prévoit la régularisation de travailleurs pour répondre aux besoins de recrutement.

La logement neuf en chute libre

Au global, le secteur du bâtiment se prépare en 2024 à une chute de 5,5 % de son chiffre d’affaires en volume, tiré vers le bas par le neuf qui devrait se contracter de 14,6 %. Pénalisée par un effondrement anticipé des mises en chantier de 15,9 % pour atteindre seulement 241 000 unités, l’activité dans le logement neuf continuera de dévisser : - 21,3 % prévus l'année prochaine, après les - 7,8 % estimés pour 2023. Côté permis de construire, la baisse devrait être de 12,1 %, et même 17 % dans l’individuel.

Nous étions tournés vers le plein emploi, ce ne sera plus le cas.

—  Olivier Salleron, président de la FFB

Moins catastrophique, mais pas beaucoup mieux orienté pour autant, le créneau du non résidentiel neuf qui s’établissait à + 0,4 % reculerait, pour sa part, de 6,0 %.

Les rares oasis qui subsistent

Néanmoins, à un peu plus de deux ans des élections municipales, la construction de bâtiments administratifs est appelée à s’accélérer et à offrir des perspectives de marché. « Mais le cycle s’annonce déjà plus faible qu’à l’habitude », tempère Olivier Salleron.

Le segment de l’amélioration-entretien restera également porteur, même si sa croissance devrait se tasser pour passer d’une progression de 2,6 % en 2023 à 1,6 % en 2024. Reste que l’obligation envisagée de changer le vecteur énergétique pour bénéficier de l’intégralité des aides MaPrimeRénov’ jette une ombre sur l’essor de la rénovation. Cette réforme, si elle était confirmée, limiterait les rénovations par gestes selon la FFB qui alerte également sur la mise en place du dispositif Mon Accompagnateurs Rénov’ au 1er janvier. « Pour l’instant, on ne compte que 300 accompagnateurs sur les 2 500 prévus », rappelle Olivier Salleron qui craint que l’objectif de 1,6 Md€ de crédits supplémentaires alloués à MaPrimeRénov’ ne puisse être atteint dans ces conditions.

D’autres oasis ont été identifiées par la FFB, parmi lesquelles MaPrimeAdapt’ attendue début 2024, les travaux réalisés pour respecter les exigences du dispositif Eco Energie Tertiaire ou encore le plan d’investissements EduRénov’ dans la rénovation des écoles primaires.

Un appel à l'action

Reste que pour le président de la FFB, le compte est loin d’y être pour sortir de la récession. D’où son attente d’un réveil des pouvoirs publics appelés à se saisir des propositions qu’il formule.

A commencer par un rehaussement du montant du PTZ jusqu'à 40 % de l'emprunt sur tout le territoire, assorti d’une réactualisation de ses barèmes pour prendre en compte l’inflation. A cette solution visant à redynamiser la consommation des ménages, il espère également un retour au Pinel dans sa version plus ambitieuse de 2022 pour la dernière année d’existence du dispositif favorisant l’investissement locatif et avant la mise en place du statut du bailleur privé. Enfin, il souhaite que soit rouverte l’approche par gestes dans le cadre de MaPrimeRénov’.

Un bouquet de mesures à prendre immédiatement, selon M. Salleron pour qui « nous n’avons plus le temps de tergiverser ! »

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