Face à la hausse des prix, le négoce temporise et exige de la transparence

Dans le sillage de la hausse du prix du pétrole en ce début d’année 2021, nombreuses sont les matières premières qui ont vu leur prix exploser, sans compter des problèmes d’acheminement. La tension traverse tout l’univers de la construction. Le négoce temporise, mais s’inquiète pour ses marges.

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Entrepôts de l'agence MPPI de Samse, à Chambéry
MPPI, enseigne specialisee en Plaque de Platre, Plafond et Isolation. Chambery. Savoie. 4 novembre 2020

Pas une filière ou presque ne semble épargnée. La hausse des matières premières concerne aujourd’hui aussi bien le bois que l’acier, le PVC, l’aluminium ou le polyuréthanne. Si les industriels tirent la sonnette d’alarme à tour de rôle, le négoce se retrouve aussi en première ligne. «  C’est une situation inédite, constate Arnaud Dubertrand, directeur marketing et achats du Groupe Chavigny. Jusqu’alors les hausses étaient ciblées sur certaines filières alors qu’en ce moment bon nombre de familles de produits sont concernées. » Coincé entre des hausses de prix et ses clients, le négoce doit s’adapter alors que paradoxalement la conjoncture est bonne, souligne Philippe Nantermoz, directeur général de Legallais. « L’ensemble de la distribution bénéficie d’un bon marché depuis le début de l’année avec des évolutions positives de 3 à 10 % environ, mais nous devons faire face à une baisse assez sérieuse de la marge. . Le négoce est pris entre deux feux et doit jouer le rôle de tampon. »

Alerte sur les marges

Quelle attitude adopter alors face à des marges qui se réduisent et des achats qui voient leurs prix flamber. Roland Tanguy, PDG de Tanguy Materiaux, n’en voit qu’une. « Nous allons être obligés de vendre nos matériaux plus chers car nous sommes confrontés à des marchés mondiaux. L’Asie et les Etats-Unis sont plus attractifs que l’Europe en termes de prix. Nous achetons donc aujourd’hui avec beaucoup de délais et nous ne pouvons pas sur-stocker, car nous sommes contingentés. »

Philippe Nantermoz n’y voit d’ailleurs pas forcément une mauvaise nouvelle. « En général pour un distributeur lorsqu’il y a une hausse de prix cela veut aussi dire que son stock se valorise. Ce qui est plus embêtant c’est vraiment la baisse de la marge ».  Pas toujours évident toutefois de répercuter ces hausses, précise Emmanuel Farjaud, directeur de la distribution du Groupe Chavigny : « avec les comptes nationaux, ce n’est pas possible car nous avons des contrats. Concernant nos clients artisans nous devons faire attention à ne pas les fragiliser alors qu’eux-mêmes sont parfois en difficulté de trésorerie. Cela demande donc beaucoup d’agilité. »

« Transparence des industriels »

Quant à la possibilité d’une pénurie, Philippe Nantermoz n’y croit pas vraiment. Toutefois, précise-t-il, « nous faisons attention car il y a certains clients qui nous font des commandes plus importantes pour certainement sur-stocker. » Il croit d’ailleurs à l’horizon juin-juillet à un véritable effet de sortie de crise qui marquerait un retour à la quasi-normale Mais Arnaud Dubertrand constate déjà des pénuries sur certains produits comme les ardoises d’Espagne ou les plaques de plâtre, l’obligeant à faire preuve d’agilité pour anticiper les manques et/ou proposer d’autres solutions aux clients. Difficile aujourd’hui d’avoir de la visibilité sur une année 2021 qui pourrait finalement ressembler à 2020. Roland Tanguy conçoit d’ailleurs qu’il s’agit encore d’une année à risques. « C’est très frustrant car le niveau d’activité est très bon mais nous ne pouvons pas prendre des engagements à très long terme. Nous subissons des hausses de prix des matières premières, mais aussi du transport avec un prix du container en mer qui a doublé alors que le fret a également largement augmenté. Tout est à l’avenant aujourd’hui et sur certains matériaux comme le bois, cela devrait durer toute l’année à priori. Heureusement, nous avons pu nouer des partenariats solides avec les industriels qui privilégient quand même leurs clients les plus fidèles dans ces moments de tension. »

Si certains se montrent effectivement solidaires, les industriels doivent aussi être très transparents, réclame Philippe Nantermoz. « Nous voulons bien accepter les hausses de l’acier mais si celui baisse, nous devons aussi bénéficier de cette baisse. » Une manière de rappeler que si l’acier a augmenté depuis le début de l’année 2021, celui-ci avait connu une baisse continue durant 18 mois sans que le négoce ait vraiment pu s’en rendre compte… Une situation compliquée sans grande visibilité qui demande beaucoup de vigilance, notamment sur les prix de vente. Un travail de chaque instant au côté des forces commerciales, plus que jamais gardiennes de la marge.

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