La métropole a déclaré fin décembre 2020 l’état d’urgence climatique, qu’est-ce que cela implique ?
Faire face à l’urgence climatique ne veut pas dire moins d’investissements ou de projets, au contraire, mais il est impératif de les réorienter et de les prioriser. Une des premières conséquences a ainsi été la sanctuarisation de 60 ha de forêt sur le Madrillet. Nous avons aussi choisi, après concertation, de ne pas financer le projet national du contournement Est de Rouen.
En parallèle, notamment pour financer de gros projets d’aménagements, nous avons augmenté nos investissements. Ils vont passer pour la Métropole de 200 millions d’euros à 300 millions d’euros par an et pour la ville de 20-25 à 35-40 millions d'euros par an.
Qu’en est-il du développement du quartier Flaubert ?
Suite à l’accident de Lubrizol, nous avons relancé une concertation. Terminée en juin elle a été très utile pour repenser l’écoquartier. Au final, environ un sixième de la zone [90 ha, NDLR] sera sanctuarisé pour en faire un espace tampon entre le quartier et la zone industrielle. Tout le projet est porté par la paysagiste Jaqueline Osty. Notre objectif désormais est de développer des projets tout en essayant d’atteindre le zéro artificialisation nette (ZAN).
N’allez-vous pas manquer de foncier ?
Non, car nous misons sur la revitalisation de friches tout en travaillant à en éviter de nouvelles. Par exemple, sur le quartier Saint-Sever, qui possède de nombreux bureaux inoccupés, nous travaillons à la naissance d’un nouveau quartier d’affaires rive gauche qui évitera de laisser une friche se développer en cœur de ville. Pour cela nous rachetons des locaux, voir des immeubles entiers pour les réhabiliter. C’est un très gros projet permettant de refaire la ville sur la ville. En parallèle, la réindustrialisation de friches dans la zone Seine Sud est bien amorcée avec notamment la ZAC du Halage qui offre déjà 20 ha de foncier pour des activités économiques. Nous travaillons aussi à la réappropriation des bords du fleuve et des îles.
Quels projets sont en cours sur les îles ?
Sur la presqu’île Saint-Gervais nous avons un projet d’aménagement important avec notamment la création sur la pointe d’un palais des congrès. Le concours d’architecture pourrait être lancé en 2022 ou 2023. Est également prévu le réaménagement du chai à vin vers une activité plutôt culturelle. Le champ de foire sera aménagé pour accueillir, en dehors des foires, des activités de type promenade. Dans 20 ans, cette zone pourrait être une base de loisirs et de plaisance. Sur l’îlot Lacroix, nous voulons résorber la friche de l’ancienne piscine Océade, dont le bâtiment est sain, pour en faire un skate-park en intérieur et un lieu de sports urbains de type hip-hop, basket...
Avez-vous d’autres projets dans cette optique de reconstruction de la ville sur la ville ?
Nous avons, à côté du CHU, un gros projet de campus universitaire lié à l’extension du centre de lutte contre le cancer Becquerel. Cette dernière se fera à la place d’un gymnase. Dans le quartier des Hauts-de-Rouen, ou plus de 100 millions d’euros seront investis dans le cadre du nouveau plan national de renouvellement urbain (NPNRU) nous allons construire, d’ici cinq ans, une nouvelle piscine à 15 millions d’euros qui sera un élément d’attractivité pour le quartier. Elle remplacera la piscine Salomon aujourd’hui fermée. Par ailleurs nous menons en parallèle le gros chantier de restauration patrimonial à 20 millions d’euros de l’Abbatiale Saint-Ouen.
Et sur les aménagements liés à l’espace public, qu’est ce qui change ?
Nous avons lancé un plan massif de renaturation. La ville va ainsi investir 8 à 10 millions d’euros par an sur ce plan avec un gros effort sur les cours d’école qui seront progressivement débitumisées. De nombreux trottoirs seront aussi débitumisés. Les enveloppes du plan voirie ont été augmentées pour cela. Pour favoriser les mobilités douces, nous laçons un gros plan de développement et de rénovation des pistes cyclables. Nous allons par exemple pérenniser les coronapistes et créer des autoroutes de vélo. Nous allons investir 30 euros par habitant et par an sur le vélo, dont les deux tiers seront destinés à réaliser et entretenir ces pistes. Sur l’espace public, nous investissons aussi pour installer des bornes de recharge pour véhicule électrique. Enfin, le prolongement de la ligne de bus T4 vers le CHU représente un chantier en cours important.
La métropole s’est aussi fixé l’objectif d’une rénovation de l’ensemble du parc immobilier en 2050, comment réussir ce tour de force ?
Nous avons créé de nouveaux outils dont une SPL qui pourra aider aussi bien les communes, que les bailleurs, les entreprises ou les particuliers à lancer des projets de réhabilitation.
Nous avons aussi porté à 48 millions d’euros [contre 45 auparavant, NDLR] le Fonds d’aide aux communes pour l’investissement local (Facil). Doté d’une bonification social-écologique, il pourra soutenir les projets à hauteur de 25 % minimum et jusqu’à 50 % pour des projets vertueux en matière d’énergie, de bas carbone ou d’environnement.
Et pour développer les énergies renouvelables comment allez-vous procéder ?
Nous mettons en place une SEM pour faciliter la production d’énergies renouvelables. Nous travaillons pour l’instant à l’échelle de la métropole mais l’objectif est de travailler aussi avec Paris et Le Havre afin de réfléchir à l’échelle de l’axe Seine. Notre volonté de développer tous ces axes liés à l’urgence climatique est aussi un élément d’attractivité du territoire. Nous ne sommes donc pas du tout dans une dynamique d’arrêt des projets mais bien dans celle de leur réorientation pour faciliter les transitions. En matière d’adaptation au changement climatique nous sommes la première métropole à avoir lancé un Giec à cette échelle et nous sommes en train d’écrire avec nos partenaires notre document stratégique d’adaptation à 30 ans. Il devrait être terminé d’ici la fin de l’année.