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Merveille d’architecture gothique datant du XIVe siècle, l’abbatiale Saint-Ouen à Rouen souffre d’infiltrations. Pour soigner sa charpente, un pan entier a été déposé en vue de sa restauration. Une pièce gigantesque de quinze mètres de haut et de quatre tonnes qu’il a fallu passer au-dessus du toit de la mairie. En fin de manœuvre, un pan de bois a d’ailleurs cédé : la structure, rongée par les infiltrations n’affichant pas le même poids de part et d’autre, a déséquilibré l’ensemble.
Cette " ferme " en forme de triangle issue du pignon nord de l’abbatiale n’avait pu s’inscrire dans la restauration programmée en 1960. Rongée sur plusieurs parties, elle a été désassemblée au sol puis transportée en atelier afin d’être restaurée. Pour cela, des chênes viennent d’être prélevés en Touraine. « Nous n’allons pas remplacer totalement cette ferme, mais procéder par greffes, avec du bois vert qui séchera ensuite sur place, une fois l’ensemble repositionné », précise Charlotte Hubert, architecte en chef des monuments historiques.
La dernière " forêt " de France
Depuis l’incendie de Notre-Dame de Paris en avril 2019, la charpente de l’abbatiale Saint-Ouen est considérée comme « la dernière forêt de France », explique l’architecte. Sa restauration doit durer jusqu’à l’automne avec, à la clef, une nouvelle opération de levage.
Pour cette dernière, l’approche de la mairie se veut d’ailleurs pédagogique. Ainsi, des " loges " pour les artisans (charpentiers, tailleurs de pierre, couvreurs, vitraillistes, etc.) seront régulièrement accessibles au public, tandis qu’ils effectueront certaines opérations de restauration sur place, au pied de l’abbatiale.
A la manœuvre MDB (Métiers du bois) à Caen pour la menuiserie et la charpente, Normandie Rénovation à Saint-Jean-du-Cardonnay pour la maçonnerie et la taille de pierre, Gallis à Franqueville-Saint-Pierre pour la couverture. L’agence Eugène Architectes du patrimoine (Paris) assure pour sa part la mission complète de la maîtrise d’œuvre.
La ville de Rouen a par ailleurs mandaté la société Octopus 3D basée à Oissel pour créer une visite virtuelle de l’abbatiale, permettant de suivre pas à pas l’avancée des travaux.
Démarche globale
Ce chantier de restauration majeur à 20 millions d’euros HT s’inscrit dans une démarche globale de restauration. Découpée en plusieurs étapes, elle devrait s’achever en 2024.
Compte tenu de l’état sanitaire préoccupant de l’abbatiale, classé au titre des monuments historiques en 1840, l’État et la ville ont entamé dès 2018 un diagnostic sanitaire approfondi, avec un accent particulier sur les couvertures de la tour couronnée, ainsi qu’une restauration du bras du transept sud (portail des Marmousets), de l’entrée occidentale, et la mise en sécurité et hors d’eau du massif occidental.
Les travaux sont réalisés sous maîtrise d’ouvrage de la Ville de Rouen qui le finance à hauteur de 3 millions d’euros avec le soutien de l’État (10 millions d’euros), de la région Normandie (2 millions d’euros), du département (2 millions d’euros) et de la métropole Rouen Normandie (3 millions d’euros).