Voilà des jeunes architectes qui ont décidé de s'atteler à créer par eux-mêmes et en dehors de toute structure promotionnelle, les conditions de leur exercice. En organisant un appel d'idées auprès d'une quarantaine de jeunes équipes d'architectes françaises et européennes, sur le thème « à la recherche de la maison modèle», l'association Périphériques a voulu attirer l'attention, tant du grand public que des professionnels sur une anomalie culturelle de première importance : alors que la production de maisons individuelles, avec 150 000 unités construites chaque année, représente l'offre la plus importante dans le domaine du logement, au point de « miter» des étendues de plus en plus vastes du paysage français, la création architecturale en est quasiment absente.
Tandis que, dans le secteur de la production des biens de consommations, l'exigence du consommateur pousse les industriels à démultiplier leurs gammes de produits, pour répondre à des attentes de plus en plus variées, le marché de la maison individuelle se contente de reproduire un stéréotype qui, s'il fait les affaires de ses promoteurs, interdit à l'éventuel acheteur de se faire une autre idée de ce que pourrait être la «maison de ses rêves». Pour s'attaquer à un tel tabou, les architectes de Périphériques se sont entourés de précautions pour donner le maximum de crédibilité à leur initiative. Ainsi, le cahier des charges de leur appel d'idée imposait un coût maximum de 499 900 francs TTC, coût moyen d'une maison de trois pièces avec garage d'environ 80 m2, incluant les honoraires de l'architecte pour une mission complète. Et chaque projet était remis avec son chiffrage précis, gracieusement effectué par le bureau d'études GEC Ingénierie, partenaire de l'opération.
Diversité saisissante
En dépit de quelques péchés de jeunesse, sur lesquels on ne s'attardera pas, le résultat présenté actuellement par le centre d'architecture Arc en Rêve de Bordeaux (voir «Le Moniteur» du 24 octobre, p. 180), qui a soutenu l'initiative avec l'Afaa et la direction de l'architecture, est saisissant : de la maison modulable pouvant se transformer en fonction des désirs de ses occupants, à la maison «modem» conçue pour «les 15 % de la population qui manipulent de l'information» et qui, «conforme aux standards du moment, se doit d'être totalement efficace et légèrement ludique», en passant par la maison «fenêtre sur le ciel» organisée autour de deux patios aussi vastes qu'ascétiques, les projets présentés (en dépit du titre de l'exposition, ils sont 37) proposent une vision incontestablement différente de la maison.
Si l'essai est concluant, il demande à être transformé. Arc en Rêve se propose d'y contribuer, en incluant dans son programme d'actions pour l'an 2000 la construction de quelques-uns de ces projets, en collaboration avec le Plan construction et architecture (PCA).
Jusqu'au 18 janvier 1998, à l'Entrepôt, 9 rue Ferrère, Bordeaux.
PHOTOS :
Parmi les projets , celui du groupe K - Herman, Sigwalt et Verdier - (Paris), avec un volume d'extension/jardin d'hiver, et la maison-type à ossature bois de Doazan et Hirschberger (Paris), ci-contre.
