Entretien avec Gaëtan Desruelles, P-DG d’ETDE «ETDE a franchi le milliard d’euros de chiffre daffaires»

Depuis 2001, ETDE, filiale de Bouygues Construction, a multiplié par 2,5 son chiffre d’affaires, grâce à une politique dynamique de croissance externe. L’entreprise est en passe de faire deux acquisitions d’ici à la fin janvier.

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Vos concurrents vous décrivent comme dynamiques. Quel sera votre chiffre d’affaires en 2005 ?

Nous avons franchi fin 2005 le milliard d’euros de chiffre d’affaires. C’est un objectif que nous nous étions fixé en 2001, alors que nous en étions à 425 millions. Cela représente une croissance de notre chiffre d’affaires de 25 % en moyenne chaque année, avec une performance record de 34 % entre 2004 et 2005.

Quelle est la part de croissance externe dans cette progression ?

Dès 2001, nous avons retenu la croissance externe comme moteur principal de développement. Les marchés de l’électricité sont en effet confrontés à de fortes rigidités sur le marché de l’emploi, et la croissance organique peut se révéler coûteuse en termes de marge, la conquête de parts de marché se faisant souvent au détriment des prix. Mais, depuis deux ans, notre stratégie de développement s’est également concrétisée dans l’entreprise par une croissance interne de 15 % entre 2004 et 2005.

Quelle marge atteignez-vous ?

Nous avons multiplié par 2,5 notre chiffre d’affaires entre 2001 et 2005 et fait progresser le résultat courant. Il était de 1,7 % en 2001, de 4,2 % en 2004 et nous pensons encore l’améliorer en 2005. Par ailleurs, malgré nos investissements, notre endettement est resté stable et représente 25 % de nos fonds propres.

Combien d’entreprises avez-vous racheté depuis 2001 ?

Trente-six, ce qui représentera un chiffre d’affaires en année pleine de 560 millions d’euros et 6 000 nouveaux collaborateurs. La plus significative a été Mainguy, en 2004, qui intervient dans l’Ouest de la France, avec plus de 1 000 collaborateurs et 100 millions de chiffre d’affaires. En 2005, nous avons acquis neuf nouvelles sociétés, et avons démarré notre processus d’acquisitions hors de France avec les rachats au Royaume-Uni de David Webster, 3e entreprise d’éclairage public, et Icel, spécialiste de la maintenance multitechnique. En 2006, nous allons poursuivre nos développements. Nous avons signé le 12 janvier l’acquisition d’Aygobere, près de Toulouse. Cette société familiale de 35 millions et 300 salariés est surtout active dans les travaux publics de réseaux. Une autre acquisition est prévue en janvier dans le Nord de la France.

L’éclairage public est-il un secteur stratégique pour ETDE ?

L’éclairage public est l’un des métiers historiques d’ETDE, où nous intervenons soit par le biais de marchés de travaux et d’entretien pluri-annuels, soit dans le cadre de gestion globale d’éclairage public pour le compte des collectivités locales. Nous avons rassemblé cette activité dans une division « travaux publics de réseaux » qui a progressé en volume entre 2001 et 2005, mais dont la part relative dans notre chiffre d’affaires 2005 (56 %) a diminué par rapport à 2001 (63 %).

Quelle est votre stratégie dans les travaux publics de réseaux ?

Cette division rassemble les activités à destination des collectivités locales sur tous les réseaux extérieurs : éclairage public, électrification rurale, réseaux humides, de gaz et de télécoms, mais aussi la très haute tension et la signalisation ferroviaire. Ces métiers se caractérisent par une forte récurrence et une composante « services » dont la mise en œuvre repose sur une très grande proximité avec les clients. Nous comptons compléter notre couverture géographique en France et densifier notre maillage du territoire. Nous couvrons 71 départements aujourd’hui, contre 40 en 2001.

Que représentent les activités génie électrique et thermique pour ETDE ?

Cette division rassemble toutes les activités d’ingénierie et de travaux dans les domaines tertiaire et industriel (électricité, mécanique, climatisation, plomberie, chauffage et services aux bâtiments industriels…). Elle représente 28 % de notre chiffre d’affaires. Notre stratégie vise à acquérir et renforcer nos compétences techniques, afin de proposer à nos clients des offres globales et à haute valeur ajoutée.

Quelle est votre stratégie dans le génie climatique et la maintenance ?

C’est une activité récente dans l’entreprise. En 2001, nous ne faisions pas de génie thermique. Depuis, nous avons racheté des sociétés spécialisées, dont la plus récente est Stefal, en Ile-de-France, fin 2005. Aujourd’hui, notre pôle génie climatique et thermique, associé au génie électrique, devient significatif en volume, et d’un très haut niveau de compétences.

Notre division de Facility Management (FM), à laquelle est associée l’offre services télécoms, représente 16 % de notre activité. Le FM complète l’offre de Bouygues Construction en conception, réalisation, maintenance et exploitation des équipements… C’est également une composante essentielle de notre offre en PPP, en France et au Royaume-Uni.

La concurrence sur les sociétés familiales fait-elle monter les prix ?

Je n’ai pas observé de spéculation à ce niveau. Sur toutes nos opérations, nous valorisons sainement les entreprises selon des standards qui tiennent compte de l’EBIT (résultat opérationnel) et de la récurrence du portefeuille d’activités.

Pourquoi ne pas avoir surenchéri pour racheter Cegelec ?

Aujourd’hui, les fonds d’investissements ont une approche de valorisation et des contraintes comptables qui ne sont pas les mêmes que celles des groupes industriels. Les problématiques de prix – donc de retour sur investissement – et la prise en compte des écarts d’acquisition sont des enjeux sur lesquels nous sommes très vigilants.

Etes-vous candidat au rachat d’Amec-Spie ?

Le processus de cession n’a pas formellement démarré et nous ne connaissons ni le nombre ni la nature des compétiteurs. Mais nous savons que les fonds d’investissement ont beaucoup d’appétit. Il va donc y avoir concurrence et cela ne va pas tirer les prix vers le bas. Il convient d’attendre de connaître l’environnement de ce dossier avant de nous déterminer.

Vous avez conclu le premier contrat de partenariat à Auvers-sur-Oise. Quelles sont les prochaines villes ?

Ce modèle de PPP prospère lentement dans le domaine de l’éclairage public. De nombreuses villes manifestent de l’intérêt ou de la curiosité pour de tels montages (Rouen, Boulogne-Billancourt…), mais nous avons encore beaucoup de pédagogie à faire sur ce thème.

Quels sont vos objectifs de croissance ?

Notre croissance en 2006 devrait nous permettre de nous positionner entre 1,3 et 1,4 milliard d’euros de chiffre d’affaires. Nous présenterons au printemps prochain à tous nos collaborateurs notre nouveau projet de développement pour la période 2006-2010.

Existe-t-il encore des marges de progression ?

Les six majors pèsent environ la moitié du marché. Il reste donc de la marge, même si l’on exclut les artisans. Nous regardons désormais vers l’Europe avec l’objectif de créer un réseau géographique de filiales spécialisées.

Quelle est votre stratégie de croissance hors des frontières ?

Le métier du multi-techniques, tel que nous le pratiquons en France, n’existe pas à l’étranger. Les entreprises, en Europe, sont très spécialisées par domaine d’activité. Nous commençons par une brique puis nous essayons de trouver les suivantes pour créer, dans une zone géographique, une offre globale. En Angleterre, la brique « éclairage public » existe avec David Webster et nous détenons deux briques de FM. La logique voudrait que l’on en trouve une de génie électrique et thermique pour compléter notre dispositif et faire un ETDE local multi-métiers. Dans ce contexte, nous pensons réaliser environ 300 millions d’euros en Grande-Bretagne à l’horizon 2007.

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