Des parcelles de moins de 500 m2 répondraient aux désirs des trois quarts des Français qui rêvent d’habiter en maison individuelle. 37 % d’entre eux se satisferaient même de moins de 150 m2. Et pourtant, l’offre moyenne des terrains à bâtir atteint 947 m2 en 2021.
Le rêve d’une maison sobre
Pire : « Les statistiques officielles tracent une augmentation de 20 m2 de cette surface, entre 2021 et 2022 », note Vincent Le Rouzic, directeur des études de la Fabrique de la Ville, commanditaire du sondage réalisé par Kantar Public.
« Ces résultats nous ont surpris. Ils montrent un déblocage possible, derrière des postures figées », interprète Vincent Le Rouzic avant d’en préciser la condition : « Aux professionnels de s’emparer des résultats » ! A Kyoto et Copenhague, la Fabrique de la Cité a identifié des sources d’inspiration dans des quartiers d’habitat individuel groupé.
Des formes urbaines plus denses
Justement, parmi les professionnels, les géomètres-experts, qui se définissent comme « les experts du foncier », se préparent de longue date à un tel déblocage : « Dès 2007 dans notre ouvrage sur les formes urbaines, nous plaidions pour des quartiers vertueux, sur des parcelles évolutives », rappelle le vice-président de l’ordre, Xavier Prigent.
Plus récemment, l’institution ordinale a transmis au ministre de la Transition écologique Christophe Béchu son « manifeste pour une vision renouvelée de l’habitat individuel », rédigé en réponse aux propos de l’ancienne ministre du logement Emmanuelle Wargon, et cosigné avec une poignée d’organisations du bâtiment, de la promotion immobilière, de l’aménagement et de collectivités.
Revisiter l’urbanisme linéaire
« Le changement de modèle que la ministre appelait de ses vœux n’implique pas la fin de la maison individuelle », estime Xavier Prigent, prêt à relever le défi du Zéro artificialisation nette (Zan) « dans des enveloppes légitimes, qui intègrent une moindre emprise foncière et une plus forte intensité urbaine ».
Revisiter l’urbanisme linéaire, le long des rocades d’entrée de ville, fait partie des priorités de la profession, dans le cadre de partenariats avec les collectivités locales. Ce thème figure également en bonne place dans l’étude de La Fabrique de la Cité, qui met en avant les premières expériences réussies de la démarche de densification connue sous l’acronyme Bimby, pour Build in my Backyard.
Les promesses du Bimby
Dans les agglomérations de Périgueux et du Creusot-Monceau comme dans les schémas de cohérence territoriale des Vosges centrales et de Nevers, « ces expériences initiées par la start-up Villes vivantes nous ont très agréablement surpris. L’accompagnement des propriétaires-occupants porte ses fruits, tant pour l’identification des parcelles que pour l’instruction administrative des dossiers », commente Vincent Le Rouzic.
L’étude de la Fabrique de la Cité et les réflexions des géomètres-experts ouvrent un horizon : « Pour changer d’échelle, le temps est venu d’une réflexion nationale, avec un programme de densification douce, inspiré par la méthode d’Action cœur de ville », estime le directeur des études du Think-Tank du groupe Vinci.
Une clé du Zan
Il y voit une condition de réussite du Zan. Deux chiffrent issus d’études de l’Etat sur l’artificialisation étayent son pronostic : l’habitat contribue à 68 % des nouvelles terres urbanisées entre 2009 et 2019 ; 90 % des surfaces artificialisées à usage résidentiel ont pris la forme de maisons individuelles, de 2005 à 2013.