Vous publiez un guide sur l’évaluation énergétique. A qui s’adresse-t-il ?
Christian Mourougane : Ce guide est publié à l’attention des prestataires qui pratiquent l’ingénierie d’accompagnement social, technique et financier auprès des propriétaires bénéficiaires du programme Habiter Mieux piloté par l’Agence nationale de l’habitat (Anah). Ces opérateurs, désignés par les collectivités engagées dans le programme Habiter Mieux ont une fonction d’assistance à maîtrise d’ouvrage. Depuis la montée en charge du programme, ils nous ont fait part de plusieurs problèmes liés à l’utilisation des logiciels d’évaluation énergétique. En fonction des outils utilisés sur un même logement, les résultats différaient.
Quelle est la différence entre l’évaluation énergétique et le diagnostic de performance énergétique ?
C.M. : L’évaluation énergétique permet de définir les points forts et les points faibles d’un logement, afin de déterminer les travaux à réaliser pour en améliorer la performance énergétique. Lorsqu’un propriétaire demande l’intervention de l’Anah, l’évaluation énergétique est donc systématique. A l’inverse, le diagnostic de performance énergétique (DPE) est généralement réalisé en vue d’une transaction ou d’une location. Il classe une habitation dans une étiquette énergétique en fonction de sa consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre. Il n’oriente pas l’occupant vers une typologie de travaux à réaliser.
Quel est donc l’objectif de ce guide ?
C.M. : Ce support, rédigé en partenariat avec des acteurs du secteur*, donne la marche à suivre pour réaliser l’évaluation énergétique d’un logement. Attention, le guide ne réalise pas d’analyse commerciale des logiciels. L’Anah ne donne pas son avis sur ces outils, mais apporte des conseils précis sur neuf situations particulières. Le fascicule explique, par exemple, la méthode de calcul à employer lorsque l’on travaille sur un logement construit avant 1948, il donne la marche à suivre pour évaluer la performance énergétique d’un logement qui n’était pas du tout chauffé avant les travaux, pour une habitation dotée de chauffage d’appoint, ou chauffée au bois, etc.
Le guide donne également des conseils, parfois de bon sens.
C.M. : Effectivement nous rappelons aux opérateurs qu’ils doivent faire preuve de pédagogie afin d’aider les ménages à arrêter leurs choix. Nous leur indiquons également qu’ils ont l’obligation de tenir compte des besoins exprimés par les propriétaires pour atteindre les objectifs de performance énergétique.
Les propriétaires se sont-ils plaints sur ce sujet ?
C.M. : La plupart de nos opérateurs travaillent correctement. Toutefois, le programme Habiter Mieux est monté en charge progressivement. A son lancement, les opérateurs devaient nécessairement être pédagogues avec les familles concernées pour les convaincre de réaliser des travaux. Aujourd’hui, le nombre de dossiers augmente rapidement, ils ne doivent pas pour autant négliger cette partie de leur mission. Car les opérateurs s’adressent à des ménages modestes, les travaux coûtent parfois jusqu’à un an de revenus du ménage, c’est énorme. Les familles doivent donc avoir pleinement conscience de l’impact des opérations réalisées et adopter les bons usages afin que la réhabilitation soit durable.
Quels seront vos prochains travaux?
C.M. : Aujourd’hui, toutes nos données sont basées sur la consommation conventionnelle des ménages, calculée dans des conditions normales d’utilisation du logement (occupation permanente, à température normale, fenêtres fermées…). Durant l’année 2015, nous allons publier une analyse de l’impact des opérations réalisées sur la consommation réelle en étudiant les factures des propriétaires ayant bénéficié du programme Habiter Mieux. Objectif : évaluer l’efficience du programme.
Pour télécharger le guide, cliquez ici.%%/MEDIA:1184809%%