Main d'œuvre qui se raréfie, inflation, hausse des coûts de production (énergie et matériaux), érosion des marges et tensions sur la trésorerie : les signaux d'alarme envoyés par les différentes fédérations professionnelles du secteur de la construction depuis plusieurs mois sont connus. Mais seraient-ils à relativiser ?
La dernière enquête d'Opinionway* pour CCI - "La Grande consultation des entrepreneurs"- réserve en effet des surprises.
Ainsi, 92% des chefs d'entreprise du BTP interrogés estiment que leur trésorerie est dans une "bonne situation" (un solde d'opinion qui reste supérieur à 70% même chez les entreprises artisanales). De la même façon, 36% d'entre eux assurent que la hausse de prix de l'énergie n'aura "aucun effet" sur leur entreprise (contre 8% pour l'industrie et 24% au global) et 31% assurent même "ne pas subir de hausse du coût de l'énergie".
Sept chefs d'entreprise sur dix affichent leur confiance pour 2023
Leur moral est donc plutôt bon et la confiance est de mise. Ainsi, à une question portant sur la situation actuelle, 47% jugent que "c'est très bien en ce moment" (contre 25% dans l'industrie et 35% au global). Les entrepreneurs du BTP sont de manière générale moins inquiets que leurs collègues d'autres secteurs. Ainsi, 61% d'entre eux se déclarent "plus attentifs que d'habitude à leurs charges" contre 81% dans l'industrie et 76% au global. Ils ne souffrent pas de retards de paiement (20% seulement disent rencontrer des difficultés pour être payés dans les temps) et n'ont aucun problème à payer leurs factures (7%). Et, certes, 44% pensent que l'inflation pourrait nuire à la viabilité de leur entreprise. Mais ce chiffre, élevé, est inférieur à ceux d'autres secteurs (49% dans l'industrie, 58% dans le commerce).
En tout, 70% des entrepreneurs de la construction se déclarent "assez, voire très" confiants. C'est 13 points de plus que la moyenne nationale. Une confiance qui rime avec prudence : 89% d'entre eux comptent maintenir leur nombre de salariés et 88% annoncent qu'ils "n'investiront pas pour se développer en 2023". Attitude paradoxale alors que la main d’œuvre manque ?
Ou alors cette prudence relèverait plus de l'attentisme, qui rime, lui, avec conservatisme : 52% des entrepreneurs interrogés ne croient pas aux vertus de l'innovation pour croître et estiment "qu'innover c’est pour (leur) entreprise avant tout un mirage plus qu'autre chose".
* Etude réalisée par téléphone auprès d’un échantillon de 618 dirigeants d’entreprises du 11 au 18 janvier.