Mercredi 14 mars à Paris, Bernard Val, président d'Autoroutes du Sud de la France (ASF), première société française d'autoroutes concédée, a annoncé les modalités de l'opération d'ouverture du capital à hauteur de 49% (l'Etat et Autoroutes de France restant majoritaire avec 51%).
L'opération, ouverte ce jour, sera bouclée le 26 mars (voir le détail du calendrier et des modalités de souscription sur le site : www.asf.fr).
Le prix définitif de l'action sera connu le 27 mars prochain pour une première cotation le lendemain mais la fourchette indicative pour le placement institutionnel de l'action est fixée entre 22 et 25,5 euros (21 à 24,5 pour les particuliers).
L'opération est à double détente; elle comprend :
- Une cession par l'Etat, via l'établissement public Autoroutes de France, d'un montant maximum mettre de 75,5 millions d'action au maximum. Avec une OPO (offre à prix ouvert) auprès des particuliers qui devrait représenter entre 30% et 70% de l'offre et un placement global auprès des institutionnels (y compris avec un placement aux Etats-Unis, au Canada, au Japon et en Australie). Parallèlement, une offre est ouverte aux salariés (sur 2% du total)
- Une augmentation de capital d'environ 800 millions d'euros (1).
ASF: bientôt la deuxième société d'autoroutes au plan mondial
Bernard Val, président d'ASF, est à la tête de la première société française d'autoroutes (avec une concession de 3112 km, dont 2794 km déjà construits; soit 34% du réseau français); de la deuxième société d'Europe (derrière l'italien Autostrade mais qu'il rejoindra une fois les 170 km qui lui restent à réaliser seront construits) et ASF se classe troisième au plan mondial; le n°1 étant japonais.
De 1990 à 2001, le trafic autoroutier en France a progressé de 58,5% mais de 69% sur le réseau ASF.
Pour séduire les investisseurs, Bernard Val a un argument majeur : "ASF possède une visibilité claire", insiste-t-il. Et d'annoncer : un trafic en hausse régulière, des investissements en baisse, des amélioration de productivité - gagée sur les 800 millions d'euros d'augmentation de capital dont une partie sera affectée au désendettement; le "gearing" ou ratio dettes sur fonds propres, devant passer de 419% à 270% après l'augmentation de capital - enfin, des diversifications en France (études, location de fibres optiques, réponses aux appels d'offres...) et à l'international (appels d'offres, gestion d'autoroutes, prises de participation...).
En effet, ASF a renégocié récemment un nouveau contrat de Plan quinquennal (2002-2006) avec l'Etat-actionnaire (2). Il prévoit le prolongement de sa concession jusqu'en 2032 (et 2026 pour sa filiale Escota) ainsi qu'une clause d'augmentation de tarif (indexée sur une progression de 0,85% l'inflation constatée). Après une période de lourds investissements (1997-2001) dont le pic fut atteint en l'an 2000, ASF (1,919 milliard d'euros de CA en 2001 pour un bénéfice de 218,4 millions d'euros) va connaître une baisse régulière des se investissements: de 532 millions d'euros en 2002 à 298 millions d'euros en 298 en 2006. Au total, il lui restent à réaliser 318 km pour un montant de 2,5 milliards d'euros.
Doté d'un nouveau conseil d'administration - qui a vu la part des élus des collectivités locales passer de 38 représentants à... deux, les sénateurs Jacques Oudin et Michel Charasse et la sortie de la Caisse des dépôts - ASF, tout en ne se prononçant pas sur une éventuelle et ultérieure privatisation complète (au-delà de l'ouverture à 49% du capital), est donc apparue comme une société dotée d'une stratégie et d'un "business plan". Bref comme une quasi-société privée.
Jean-Michel Gradt.
(1) D'une valeur d'environ 3 milliards d'euros actuellement, la valorisation de la société pourrait passer, avec l'augmentation de capital et l'amélioration du pourcentage d'endettement qui en résultera, à quelque 5 ou 6 milliards d'euros, estimaient, voici quinze jours, les spécialistes. L'Etat, pour sa part, espère récupérer dans l'opération entre 1,5 et 2 milliards d'euros.
(2) Publié au J.O du 4 mars 2002.