En Ariège, les techniques de construction ancestrales ont de l’avenir

En partie édifié au XVIIIe siècle et autrefois utilisé pour les estives, ce site à 1 460 mètres d’altitude composé de six hameaux et d’une trentaine de cabanes en pierres n’a aujourd’hui plus d’usage. Classé depuis les années 1990 au titre des sites patrimoniaux remarquables, il a bénéficié d’une campagne de restauration dans les années 2000. Par manque d’entretien, les cabanes se dégradent. Quelque 6 hébergements (sur 25 au total) pour les bergers, granges pour les bêtes et mazucs – constructions semi-enterrées pour conserver le beurre et le fromage – construits en pierres avec des toitures en lauze, répartis dans quatre des six hameaux, ont été identifiés pour bénéficier d’une première tranche de travaux de restauration. L’opération, d’un montant de 80 000 euros (sur 224 000 euros pour la totalité du site), portera sur les toitures, dont certaines sont effondrées, les charpentes et les menuiseries. Les artisans ont jusqu’au 1er avril 23 h pour faire leur offre. L'Etat, la région, la Direction régionale des affaires culturelles (Drac), le département et le Syndicat des montagnes (via la Fondation du patrimoine), gestionnaire du site, financent ces opérations.

Parmi les 6 cabanes restaurées dès cet été, se trouvent des mazucs, des constructions semi-enterrées qui permettaient de conserver au frais le beurre et le fromage. © Parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises

Formation des artisans locaux

Le Parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises, AMO sur cette campagne de restauration, a perçu l’intérêt de former les artisans à ces techniques qui ne sont aujourd’hui plus maîtrisées. « Il y a aura d’autres tranches de travaux, précise Amal Béraïch, chargée de mission architecture, urbanisme et patrimoine bâti au parc naturel, et un entretien régulier des cabanes, à terme. » Des débouchés à venir sur les quatre prochaines années pour les artisans locaux qui, pour candidater, devront avoir un certificat de qualification professionnelle (CQP) portant sur la lauze ou la pierre sèche ou une expérience équivalente. « Les entreprises qui auront suivi les formations pourront alors répondre pour les futures tranches de travaux ou l’entretien », précise la chargée de mission. Des formations sont d’ores et déjà prévues en mars, pour la lauze, et en avril, pour la pierre sèche.

Afin d’ouvrir cette campagne de restauration, ainsi que l’entretien futur des cabanes, aux artisans locaux, des formations sur les constructions en pierres sèches et lauze vont être organisées dès le mois de mars. © Parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises

Ce travail de restauration incite les équipes du Parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises à réfléchir à un aménagement plus large afin de mettre le site en valeur. Un parcours d’interprétation est envisagé – il avait déjà été évoqué dans le passé – pour faciliter l’accès aux hameaux, tout en maîtrisant les flux, afin que bergers et randonneurs empruntent des chemins distincts.