On aurait tort de comparer la prise de conscience écologique à une vague qu'il serait à la mode de surfer. La transition vers une construction décarbo-née tient plus de la lame de fond qui emporte tous les acteurs. Les maîtres d'ouvrage formulent de nouvelles exigences, les maîtres d'œuvre revisitent la conception même des ouvrages, les entreprises de travaux réorganisent leurs chantiers. Mais rien ne sera possible sans l'apport des industriels.
Pour ces derniers, les leviers d'action sont nombreux : de la conception du produit à sa fin de vie, en passant par le procédé de fabrication et la mise en œuvre sur le chantier. Les efforts entrepris depuis quelques années impactent tous les types de produits et matériaux (lire notre dossier Batimat, p. 46 à 75). Et laissent entrevoir d'immenses marges de progrès.
Des bâtiments vertueux mais hors de prix signeraient l'échec de la transition écologique.
Pour accélérer la cadence, les bonnes volontés et la soif d'innovation sont indispensables. Mais elles se révéleront certainement moins efficaces que des règles claires et contraignantes. A ce titre, la future réglementation environnementale prévue pour l'année prochaine devra servir de puissant catalyseur.
Reste une dernière hypothèque à lever. Celle du coût. Les indispensables investissements en R & D s'annoncent lourds. Sans anticipation, la facture sera salée. Or, des bâtiments vertueux mais hors de prix signeraient l'échec de la transition écologique.
Il apparaît donc indispensable -et urgent - d'exploiter tous les gisements d'économies potentielles dans le foncier, dans l'organisation des chantiers ou encore dans la simplification juridique. Décidément, la transition écologique sera une onde de choc dont nous sommes encore loin d'avoir mesuré l'amplitude.