« L’open space est-il plus agréable lorsqu’il est peint en jaune ? La tendance vient très directement de Google qui révolutionne les immeubles de bureaux comme Andersen Consulting avait tenté de le faire dans les années 1990. Qu’en reste-t-il 20 ans après ? Une diminution toujours plus grande de l’espace de travail proprement dit, qui feint de disparaître même totalement dans certaines entreprises. Celles-ci mettent en avant le jeu, la détente – mais pas la valeur travail – grâce à des atmosphères qui ressemblent à celles de la maison. L’interaction entre la vie privée et la vie professionnelle via la connexion permanente de la plupart des cadres est donc matérialisée dans l’espace, à la maison comme au bureau et réciproquement. C’est à mon avis pour mieux faire passer la pilule de l’open space difficile à vivre et des efforts supplémentaires demandés aux salariés. Se greffe sur cette réalité un discours, en partie vrai, sur la créativité favorisée par les rencontres, les croisements… Il lui manque une réflexion sur le mal-être au bureau et sur les possibilités qu’offrent les technologies. Pourquoi une entreprise spécialisée dans la téléphonie, soit la communication à distance, a-t-elle besoin de regrouper plus de 6 000 personnes sur le même site ? Il faut regarder avec davantage d’intérêt les exemples hollandais qui évitent les excès d’affichage, toboggans, salles de jeux, baby-foot à tous les étages… Et propose, en revanche, des espaces témoins dans lesquels sont étudiées des solutions avant leur mise en œuvre. Les entreprises néerlandaises, comme anglo-saxonnes sont également plus enclines à faire bouger le management en même temps que l’espace. En France, la difficulté à évoluer tient à des habitudes bien ancrées : quoi qu’on en dise, le bureau n’est pas un lieu de passage. La présence régulière et assidue y est encore un gage de compétences. »
