« Le maître d'ouvrage a souhaité que nous utilisions les techniques de l'époque », souligne Albert Guitton patron de l'entreprise Guitton, PME familiale de cinquante personnes. Peut-être de quoi expliquer qu'une partie de la corniche de la deuxième chambre du Parlement ait nécessité 77 heures de travail et que dans cet atelier, la gouge reste l'accessoire essentiel. Mais avant de toucher au bois, l'ébéniste commence par établir le diagnostic. Cet examen va permettre de définir toutes les interventions à réaliser. « Mais avant que nous ne démarrions, les décorateurs des couches picturales viennent nettoyer l'essentiel et refixer les dorures », détaille Bruno Catheline, l'un des ébénistes. Ensuite, l'artisan passe un temps important à effectuer un nettoyage en profondeur puis à combler les panneaux défectueux.
« Quand il s'agit d'un réajustage ou de dissimuler une fente, nous avons recours au flipot (étroite baguette de bois insérée dans une fente, affleurée par rabotage). Et quand nous sommes face à une absence de matière importante comme un morceau de bois sculpté, nous réalisons une enture (assemblage bout à bout de deux pièces entaillées pour s'emboîter). Toutes nos pièces sont posées avec de la "colle à chaud", technique déjà utilisée au XVIIIe siècle », poursuit l'homme de l'art. De même, les ébénistes ont recours au fer à repasser pour chauffer la pièce avant de la coller.
Quand le travail de restauration de toutes les pièces d'une façade est terminé (la deuxième chambre en comptait 300), les ébénistes remontent la façade « à blanc » afin que les restaurateurs de peinture puissent à leur tour intervenir. Depuis le 16 novembre dernier, le montage de la deuxième chambre a démarré au Parlement. Quant à la troisième, elle ne sera livrée qu'en juin prochain.
FICHE TECHNIQUE
Maître d'ouvrage : ministère de la Justice.
Maître d'oeuvre : J.-L. Roubert, architecte des bâtiments civils et palais nationaux.
Entreprises : Fancelli (région parisienne), Guitton (35) et Ferignac (24).
PHOTO : Après un examen des pièces, les décorateurs des couches pictorales nettoient l'essentiel et refixent les dorures. Puis l'ébéniste décape en profondeur et comble les panneaux défectueux.