Eau de pluie : un marché relancé!

Si la récupération des eaux pluviales n’est pas nouvelle, en revanche les exigences environnementales et le réveil des consciences sur la rareté de la ressource conduisent à un réajustement de la filière.

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Porté par un engouement récent de la demande et une visibilité importante des questions environnementales, le marché de la récupération des eaux de pluie propose aujourd’hui des produits et solutions « matures », selon l’appréciation de Brigitte Robin Le Nézet, responsable marketing de la filiale française du groupe allemand KSB. Effectivement, la croissance du marché des dernières années s’est ressentie partout : pour Pascal Tisseyre, commercial des régions Bourgogne et Franche-Comté chez Salmson, « les particuliers sont très sensibilisés aux démarches écologiques ». Néanmoins, Willy Rohdmann, P-DG de la société française Skywater, constate que « pour l’instant la demande chez les particuliers est très forte, voire croissante, mais les réalisations de vente pas forcément en ligne ». L’écho que rencontre le marché des solutions de récupération et de réutilisation des eaux pluviales s’ancre ainsi sur une « attitude responsable », souligne également Brigitte Robin Le Nézet. « Ce qui est nouveau, c’est d’envisager de compter sur cette ressource y compris pour des usages internes à nos habitations, voire à nos process industriels. », confie-t-elle. De son côté, Olivier Nodin, ingénieur produits et solutions chez ITT estime que : « la démarche HQE, dont une des 14 cibles est la gestion de l’eau, amène les promoteurs et les industriels à réfléchir à la question », analyse que partage la plupart des fabricants. Pour sa part Valérie Layssac, responsable marché et merchandising du Danois Grundfos estime que le marché : « en est à l’étape de la rationalisation des produits et du savoir-faire et faire savoir en termes d’installation ».

C’est peut-être dans la segmentation entre marché pour les professionnels et marché des particuliers que le problème se corse. Willy Rohdmann estime par exemple que « tant que l’eau ne sera pas une priorité pour les entrepreneurs, le marché sera condamné à une logique de marché de niche ». Et beaucoup déplorent que les systèmes soient encore trop onéreux. Que le prix du m3 d’eau de ville soit comptabilisé à 3,40 € ou à 2,90 €, la rentabilité ne serait pas au rendez-vous pour un particulier. En effet, à un investissement de base souvent évalué autour de 8 000 €, doit s’ajouter la durée de vie d’un surpresseur (de 10 à 12 ans), le remplacement de la lampe ultraviolet obligatoire pour la stérilisation de l’eau (durée de fonctionnement de 8500 heures, soit 2 ans) pour 70 € environ, etc. Certes, le crédit d’impôt couvre une partie du coût départ… Encore que selon Valérie Layssac, « les particuliers qui font le pas d’installer de tels systèmes ne sont pas tous des harponneurs de crédits d’impôt ». Ce sont donc les besoins industriels « dix fois supérieurs » à la consommation moyenne évaluée à 45 m3 par habitant et par an qui pourraient sauver la mise, du moins conduire à un certain effet d’échelle. D’autant que 45 % de la consommation d’eau (hors agriculture et irrigation) en France est à usage industriel : une eau potable utilisée et facturée pour des usages non alimentaires.

Professionnalisation de la filière

La croissance de la demande ne peut cependant pas rimer avec contre-références. Pascal Tisseyre évoque la complexité des systèmes, fruit d’une nouvelle réglementation. Il souligne une nécessité d’information des professionnels de la mise en œuvre. Grundfos s’est d’ailleurs doté d’une formation spécifique depuis janvier 2009 destinée aux installateurs. Aucune certification dédiée n’est encore sur le marché, même si le négoce peut ouvrir le tir. De son côté, Skywater bâtit un réseau de partenariat avec des installateurs qui devrait couvrir le territoire national, avec à terme une centaine de relais.

D’un point de vue des équipements, Valérie Layssac estime que la filtration reste un point essentiel. Or, « elle doit être très pointue », renchérit Brigitte Robin Le Nézet. En outre, les groupes de surpression sur des systèmes de grande envergure nécessitent une gestion très fine et surtout une variation de puissance. C’est dans ce domaine également que les améliorations sont encore à venir. Dernier obstacle : le terrassement pour l’enfouissement de la cuve de récupération (qui ne peut être exposée à la lumière), qui d’une part fait grimper la facture en rénovation, et qui d’autre part n’est pas réalisé par l’installateur.

Là encore, des compétences ou des réseaux multitechnique doivent faciliter la mise en œuvre.

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