Du Code de commerce à la prise de cotes

Ex-avocate d'affaires -

Marie Deburaux a quitté les cabinets haussmanniens du Triangle d'or parisien pour un atelier de menuiserie en Seine-Saint-Denis. Sans aucun regret.

 

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Après de brillantes études de droit et des débuts réussis en cabinets d’affaires, Marie Deburaux a décidé de suivre la tradition familiale en devenant entrepreneur. En 2020, âgée de 29 ans, elle prend la tête de la PME MERI.

Son avenir professionnel semblait tout tracé. Après de brillantes études de droit - masters à Panthéon-Assas puis à Paris-Dauphine, LLM (Master of Laws) à l'université de Georgetown à Washington (Etats-Unis) -, Marie Deburaux réussit le barreau de New York. Rentrée à Paris, où l'attend son futur mari, elle exerce dans plusieurs cabinets d'avocats anglo-saxons. Sa spécialité : les transactions et fusions- acquisitions immobilières. « Mon travail me plaisait beaucoup, j'ai traité des dossiers passionnants comme l'achat de tours à La Défense, j'ai côtoyé des professionnels remarquables », se souvient-elle. Pourtant, la jeune avocate d'affaires finit par se lasser du rythme très cyclique de son métier. « Vous bossez à fond pendant plusieurs mois sur un dossier, le deal se conclut, et tout s'arrête. Puis vous passez à une autre mission. »

Tradition familiale. Ce mode de fonctionnement lui pèse d'autant plus que, dans sa sphère familiale, Marie Deburaux est entourée d'entrepreneurs, dont l'activité, contrairement à la sienne, s'inscrit dans le long terme. Son époux a créé sa société, et son père, Guillaume d'Ocagne, préside le groupe Dubois (agencement d'espaces), basé en Touraine. C'est d'ailleurs lors d'un séminaire du comité de direction de l'entreprise, en avril 2019, que le déclic se produit. « A mon tour, j'ai eu envie de me lancer dans une aventure plus entrepreneuriale, de bâtir un projet, d'être plus proches des gens », explique-t-elle. Dès le mois suivant, la jeune femme démissionne, sans autre perspective que celle d'intégrer le groupe familial. Guillaume d'Ocagne recontacte alors Raynald Duport et Géraldine Hutinet. Deux ans après de premiers échanges, les dirigeants de la société MERI (Menuiserie-Ebénisterie-Réparation-Installation), basée à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, recherchent toujours un repreneur. Après six mois d'audits et de négociations, Dubois rachète la PME et nomme Marie Deburaux, âgée de 29 ans, à sa tête.

« J'ai eu envie de me lancer dans une aventure plus entrepreneuriale, bâtir un projet, être plus proche des gens. » - Marie Deburaux, directrice générale de MERI

« J'ai pris mes fonctions le 2 janvier 2020. Deux mois et demi après, j'ai dû annoncer aux collaborateurs qui me connaissaient à peine la fermeture de l'entreprise à cause de la crise sanitaire. C'est sans doute l'une des pires journées de mon existence », confie-t-elle. Mais ce coup dur se transformera en opportunité. Pendant le premier confinement, la directrice générale échange régulièrement avec ses salariés, par téléphone et par mail, pour les rassurer. « A leur retour, ils avaient compris que seul m'importait l'intérêt de l'entreprise, et par conséquent le leur », souligne-t-elle. Marie Deburaux met aussi à profit cette période pour se former. Elle apprend à faire la paye, à établir les factures et à répondre aux appels d'offres, épaulée par son responsable d'exploitation. Resté à ses côtés jusqu'en juin dernier, Raynald Duport l'aide quant à lui à comprendre le fonctionnement de la société.

« Ne rien lâcher ». Rapidement, Marie Deburaux endosse ses nouveaux habits de cheffe d'entreprise. « Je ne sais jamais de quoi ma journée sera faite, une urgence chasse l'autre. Il faut sans cesse s'adapter pour trouver les bonnes solutions. C'est assez stimulant », analyse-t-elle. Son expérience professionnelle se révèle utile : « J'ai acquis une grosse capacité de travail, je suis très organisée, je n'ai pas peur de discuter, notamment avec les banquiers, et j'ai appris à ne rien lâcher. » Aujourd'hui, elle se prépare à déléguer certaines tâches administratives afin de consacrer plus de temps au développement de MERI - auquel elle s'est déjà attelée en recrutant 10 personnes -, mais aussi en prévision de la naissance cet automne de son premier enfant. Vingt mois après son arrivée, elle ne regrette pas sa décision, bien au contraire. Son objectif de « construire une histoire collective, de nouer des relations simples et vraies » se réalise. Et ses salariés l'appellent désormais « patronne ». La plus belle des récompenses !

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