"Un lever de rideau", un texte qui "ouvre des perspectives", "une avancée significative"... Malgré la hâte qui entoure la rédaction du projet de loi gouvernemental, les suspicions sur le contexte politique de l'affaire, les interrogations soulevées par des annonces effectuées sous la pression de l'opinion publique, tel ou tel terme du texte en cours d'examen au conseil d'Etat... associations et syndicats ne boudent pas leur plaisir devant les progrès faits par le droit au logement opposable. Même s'ils sont conscient qu'une fois les tentes démontées et les projecteurs éteints tout restera à faire pour que ce droit devenu opposable soit effectif.
Et tout d'abord, construire des logements ! En grande quantité pour rattraper les 800.000 logements qui manquent à l'appel en France, en plus des 440.000 produits annuellement. Et pas n'importe lesquels : des logements dont les loyers seront accessibles à des familles très modestes, à des pauvres, des défavorisés, des femmes seules avec enfants, des personnes sans emploi... Car, ici, on parle bien de logements locatifs et pas d'accession à la propriété, fut-elle sociale.
Il faut donc s'en donner les moyens. En délivrant les permis de construire pour du logement très social, prérogative des maires, ne l'oublions pas. Et en les finançant. Dans le jargon du logement, on les appelle des PLAI. Or, un PLAI de taille familiale coûte 15.000 euros en subventions d'Etat, 12.000 euros en allègement de TVA, 7.500 euros en allègement de taxe foncière, soit déjà 34.500 euros. S'y ajoutent 12.000 euros pour les collectivités locales, 5.500 euros pour le 1% logement. Soit un total de 52.000 euros par logement. Un PLUS – le HLM ordinaire, dont le loyer est plus cher – revient, lui, à 36.000 euros.
Au-delà des bons sentiments, que tout le monde partage évidemment, l'heure est peut-être venue de faire les comptes. Et d'annoncer les vrais chiffres que supporteront nos futurs gouvernants sortis des urnes au printemps prochain !
Françoise Vaysse est chef du service économie-entreprises du "Moniteur"
