Les « sommets de la construction » organisés par la Fédération française du bâtiment (FFB) se suivent et ont tous un point commun : les ministres et secrétaires d’Etat s’y donnent rendez-vous. Ce jeudi 18 avril, c’était au tour d’Emmanuelle Wargon, secrétaire d’Etat à la Transition énergétique et solidaire, de rassurer Jacques Chanut, le président de la fédération, sur l’impulsion donnée par le gouvernement à la rénovation énergétique.
« Selon certaines rumeurs, le CITE ne serait bientôt plus destiné qu’à une partie des ménages modestes, soit à peu près 20% du marché », s’est inquiété Jacques Chanut, face à Emmanuelle Wargon. « Nous souhaitons fusionner les aides de l’Agence nationale de l’habitat (Anah) et le CITE pour les ménages modestes, afin de le transformer en prime », a-t-elle confirmée. Concernant les autres foyers, « les ambitions restent fortes, les premiers arbitrages seront bientôt rendus, c’est une affaire de semaines (les lettres de cadrage budgétaire doivent être envoyés aux ministères d'ici la fin du mois d'avril, NDLR). Enfin, nous orienterons de plus en plus les CEE vers les travaux de rénovation énergétique ».
Inquiétudes sur le label RGE
Autre point d’attention : le label RGE. Parce que le marché de la rénovation énergétique a du mal à décoller, « certaines entreprises s’en détournent, alors que les rumeurs laissent penser que les conditions d’obtention devraient être durcies », lance Jacques Chanut, alertant sur le côté « trop administratif » du label et le nombre de contrôles jugé trop importants.« Il faut le renforcer, nous devons travailler sur le contenu et sur la fréquence des contrôles, concède-t-elle. Pour le moment, ils sont périodiques. Peut-être faudrait-il les fixer en fonction du nombre de chantiers réalisés ».
Mais Emmanuelle Wargon a fermé la porte à un report de l’entrée en vigueur de la réglementation énergétique 2020. Ce délai supplémentaire est réclamé par de très nombreux professionnels de la construction, qui jugent que l’expérimentation E+C- n’est pas encore conclusive. « Les travaux sont lancés depuis longtemps, ce décalage serait compliqué à justifier. Les grands points d’arbitrages sont encore en négociation, nous sommes ouverts à la discussion. »
Expérimentation en Bretagne sur le Pinel
Concernant l’extinction attendue du prêt à taux zéro en zone B2 et C d’ici la fin de l’année 2019 qui inquiète particulièrement les constructeurs de maisons individuelles, Julien Denormandie, ministre du Logement, a renvoyé les professionnels du bâtiment à la rentrée. « Un rapport parlementaire est attendu juste après l’été », a-t-il rappelé, en clôture de la matinée de conférences organisée par la FFB.
Pour le ministre, il existe « une folie en France : le zonage », alors que ce dernier souhaite « territorialiser davantage les politiques du logement ». Pour y parvenir, il lancera une expérimentation en Bretagne (dont une grande partie du territoire se situe actuellement en zone B2). Concédant que « le diable se cache dans les détails », Julien Denormandie souhaite qu’elle fonctionne autour d’un principe : le Pinel concernerait un nombre déterminé d’habitants tout en échappant aux logiques de zonage. L’expérimentation serait rendue possible par un amendement gouvernemental inséré dans le projet de loi sur la réforme de la fiscalité locale, qui doit être déposé au Parlement entre l’été et la fin de l’année 2019.