Les moisissures sont nuisibles pour la santé comme pour la préservation des bâtiments. En France, 600 000 logements contiennent des moisissures sur une surface supérieure à 1 m². Les lieux de conservation d’œuvres d’art ou de documents anciens sont eux aussi attaqués par ces micro-organismes. Aujourd’hui, en cas de développement fongique, les actions ne peuvent être que curatives, faute de moyens de détection précoce. C’est pour cette raison que le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) présente sur Batimat (hall 5A, stand H59) une balise de détection précoce. L’approche de l’organisme public, qui a travaillé avec quatre partenaires (1), a consisté à identifier un cocktail de composés organiques volatils (COV) utilisés par les moisissures pour communiquer entre elles. « Nous parlons d’un indice de contamination fongique qui comprend entre 15 et 20 COV différents », précise Enric Robine, chef de la division Agents biologiques et Biocontaminants au CSTB. « Il a fait l’objet de six brevets et a été validé statistiquement dans de nombreux bâtiments. Sa fiabilité est estimée à 99,5 % », poursuit-il. Afin de « capter » les COV, le CSTB recourt à la technique de la chromatographie en phase gazeuse : les COV sont collectés, puis fixés sur une structure polymère spécifique avant d’être désorbés thermiquement. « Leur changement de résistivité nous permet d’identifier leur empreinte chimique », indique Rukshala Anton, qui a mis au point les polymères qui adsorbent les COV. L’ensemble du dispositif est inclus dans une balise dont les dimensions rappellent une box Internet. Une fois installée, la balise réalise une mesure tous les deux jours et tient compte du temps de développement des champignons.
« Le système détecte moins de quelques centimètres carrés dans un volume de 300 m3 », assure Stéphane Moularat, en charge du secteur microdétection au CSTB. Une performance, selon le docteur Suzanne Déoux, fondatrice du cabinet Médiéco : « Si cette sensibilité est avérée et applicable en présence d’activités humaines, il s’agit d’une avancée technologique, car la plupart des méthodes existantes ne détectent pas un développement fongique aussi tôt. » Même constat pour le docteur Fabien Squinazi, membre du Haut conseil de la santé publique, pour qui la méthode utilisée présente l’avantage de pouvoir être couplée à la détection d’autres polluants. Un aspect déjà prévu, puisque, à l’avenir, le même système permettra également de détecter les pollens, en extérieur.

