Les possibilités du verre se développent dans le bâtiment grâce, notamment, à de nouveaux emplois imaginés par les architectes qui jouent sur la transparence du matériau. Les réponses des fabricants, des bureaux d'études et des entreprises sont innovantes : vitrage extérieur attaché (VEA), raidisseurs de façade en verre, planchers structurels, garde-corps totalement en verre simplement tenus en pied, brise-soleil...
Des chantiers exceptionnels
Les avancées rencontrées dans le domaine du verre doivent beaucoup à des chantiers exceptionnels, parmi lesquels on peut citer les serres de la Villette, les Pyramides du Louvre, la Bibliothèque nationale de France, la nouvelle aérogare de Bordeaux, l'immeuble de France Télévision ou encore la façade du Parlement européen de Strasbourg. Ils concernent également des projets de plus petite taille. La fondation Cognaq Jay, à Rueil Malmaison en région parisienne (« Le Moniteur » du 10 octobre 1997, p. 98), dispose d'une galerie totalement en verre, alors que le montant des travaux est voisin de 50 millions de francs.
Les péninsules de l'aérogare 2F, à Roissy-Charles-de-Gaulle (voir p. 59), montrent que le verre, associé à l'acier, peut même habiller totalement les façades et la toiture d'un bâtiment de 200 m de long. De son côté, la banque populaire de Lodi en Italie (voir p. 58), dispose d'une verrière horizontale, suspendue à des nappes de câbles.
Mais ces emplois demandent des produits de plus en plus spécifiques. Comme l'indique Jean-Jacques Daguerre, directeur commercial et Marketing de Saint-Gobain Glass, « Les produits doivent répondre à différentes fonctions en matière de thermique, de contrôle solaire, d'acoustique, de sécurité et d'esthétique (voir également p. 24). La seule réponse passe par des produits multifonctions qui connaissent aujourd'hui un fort développement ». Philippe Grell de la direction marketing et technique de Pilkington va dans le même sens puisqu'il considère que « les combinaisons de fonctions sont telles aujourd'hui qu'il n'y a plus un seul produit mais une multitude de produits ».
Un premier axe de recherche porte sur les emplois du verre comme élément de structure. Toutefois, les centres de recherche comme les bureaux de contrôle estiment que cette technique n'est pas à mettre dans toutes les mains (voir ci-dessous). Robert Maillard, responsable prescription chez Saint-Gobain Glass estime que ce type d'emploi ne doit pas se banaliser sous peine d'une prise de risque importante : « il faut absolument verrouiller les opérations par des avis techniques ou des appréciations techniques expérimentales. Nous travaillons d'ailleurs, avec des organismes de recherche sur la mise au point de méthodes de calcul plus fines ».
Un second axe de recherche porte sur les caractéristiques photométriques des verres. Si, dans les années 80, la tendance était aux verres réfléchissants, « les architectes recherchent aujourd'hui la neutralité même si la demande de verres réfléchissants ne faiblit pas », indiquent Jean-Jacques Daguerre et Robert Maillard. « Il s'agit d'une notion très difficile à définir : certains attendent des verres qu'ils se fondent dans leur environnement, avec des teintes légèrement bleutées ». Philippe Grell mentionne d'autres attentes : « Certains architectes nous demandent plus que la transparence avec des vitrages extra blancs ».
Ces contraintes sont souvent contradictoires. Les fabricants s'orientent vers des vitrages offrant une assez bonne transmission lumineuse (facteur tl élevé) tout en ne laissant pas passer l'énergie solaire (facteur solaire fs bas). On parle alors de vitrages « sélectifs » (voir encadré p. 58).
PHOTO : Le nouvel immeuble de France Télévision, à Paris, illustre la recherche de la neutralité par les architectes Jean-Paul Viguier, Christian Chopin et Patrick Charoin.