Des traitements du bois moins polluants à l'étude

-L'élimination dans les fours pour déchets spéciaux impose des contraintes environnementales et techniques. -Les solutions alternatives sont nombreuses mais restent marginales.

Afin de les prémunir contre des attaques biologiques et assurer ainsi leur pérennité structurelle, les ouvrages en bois exposés à l'humidité sont soumis à des traitements de préservation. La situation de contact prolongé avec l'eau ou la terre correspond au risque le plus élevé. Dans ce cas, les produits à caractère fongicide et insecticide utilisés sont majoritairement des sels métalliques à base de cuivre, de chrome et d'arsenic (CCA). « La technique consiste à injecter ces molécules directement dans la masse en autoclave sous vide et pression », explique Joseph Behagel, le directeur général du Comité national pour le développement du bois (CNDB).

Les CCA sont des métaux lourds et toxiques. La production annuelle de bois traités aux CCA est de 250 000 m3 en France, et cette technique est employée depuis trente ans. Dès lors se pose, pour les professionnels, la question de l'usage des bois autoclavés en situation de service, et surtout de leur devenir en fin de vie.

« Une fois stabilisés dans le bois, les CCA sont insolubles dans l'eau, explique Bernard Degrandry, chargé du bois et des matériaux à l'Ademe. Ils ne présentent aucun risque de pollution ou de contamination. » Et Joseph Behagel d'ajouter : « Les mesures comportementales des bois traités, réalisées par le CTBA sous contrôle de l'Ademe, permettent de conclure que les pertes en service sont quasi nulles. » De plus, l'optimisation des techniques d'imprégnation en autoclave concourant à améliorer la stabilité des CCA, le danger en situation de service reste circonscrit.

Incinération ou réutilisation

Arrivés au terme de leurs emplois, les bois traités aux CCA entrent dans la catégorie des déchets industriels spéciaux (DIS). Cela implique des précautions quant à leur élimination. Selon Christiane Majcherczyk, la responsable du service environnement au CEBTP, « le bois usé est soit réutilisé d'occasion, soit conduit vers les filières d'élimination. Elles se répartissent en deux catégories. Les déchets à faible teneur en métaux lourds et fraction lixiviable sont acheminés vers des centres d'enfouissement de classe 1. Ceux dont les caractéristiques chimiques dépassent un certain seuil doivent subir une valorisation énergétique dans une usine d'incinération ». Seuls les résidus ultimes seront admis à partir de 2002 dans les centres de stockage. Si bien que la majorité des bois traités, actuellement enfouis, devra d'ici à cinq ans subir une incinération.

Mais les centres d'incinération de DIS actuels conviennent-ils à l'élimination de ce type de déchets ? « Le traitement du bois imprégné pose des problèmes d'ordre environnemental et technique, annonce Christiane Majcherczyk. D'une part, les installations d'incinération doivent être pourvues de systèmes de récupération rigoureuse des fumées contenant des éléments cuivre, chrome et arsenic, extrêmement volatils. D'autre part, le bois ayant un pouvoir calorifique inférieur (PCI) très élevé, il enflamme les déchets auxquels il est mélangé et rend difficile la récupération d'énergie. » De plus, les déchets bois sont volumineux et nécessitent un broyage avant l'incinération. Ces spécificités le distinguent donc des autres déchets spéciaux. « La question, aujourd'hui à l'étude, est la suivante : doit-on incinérer le bois traité dans des fours pour déchets spéciaux ou bien dans des centres spécifiques à ce type de déchets ? » explique Bernard Degrandry.

Des alternatives moins dangereuses

Le problème de l'élimination du stock de bois traité depuis plus de trente ans n'occulte pas les nouvelles solutions de préservation, véritables alternatives aux CCA. Bernard Degrandry évoque la piste de la préservation biologique à base de tanins et celle du CCB (B pour bore), très prisée en Allemagne. Joseph Behagel envisage la thermocompression, encore au stade de l'expérimentation, et la rétification (voir encadré). Quant à Christiane Majcherczyk, elle mentionne le triazol, à la toxicité moindre que les CCA, et l'IPBC, dénué de chlore et de métaux lourds. Cependant, beaucoup de ces techniques demeurent relativement récentes et devront faire la preuve de leur qualité en matière de santé et d'environnement, tout autant que de leur efficacité.

PHOTO : Le traitement du bois par des substances toxiques en fait, par la suite, un déchet industriel spécial.

GRAPHIQUE : REPARTITION DES DECHETS SPECIAUX DU BATIMENT

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