Des solutions techniques pour baisser les charges

-La diminution des charges ne passe plus seulement par la limitation des consommations de chauffage. -Une réflexion énergétique globale s'impose pour la construction des logements.

Les difficultés financières rencontrées par une partie des locataires rendent les charges liées à la consommation d'énergie ou d'eau parfois insupportables. Or, les solutions pour les faire baisser dépendent beaucoup de la date de construction des bâtiments. Dans le neuf, on s'achemine plutôt vers une conception énergique d'ensemble (voir l'encadré «Points à examiner», p. 64). Cette évolution est d'ailleurs prise en compte dans l'élaboration de la future réglementation thermique. Mais celle-ci ne concernera que les logements neufs, et ne touchera donc que très progressivement le parc social. D'après des études menées dans le parcsur des logements récents, le chauffage ne semble plus être le poste le plus important de dépenses, sauf dans le cas d'appareils électriques (voir encadré page suivante).

Cette situation est due au renforcement de l'isolation thermique des bâtiments (durcissement par étape de la réglementation), à la multiplication des appareils électroménagers et à l'augmentation des consommations d'eau chaude sanitaire, relativisant les autres postes de dépense. Olivier Sidler, à l'origine de ces campagnes de mesure, estime que « l'électroménager et l'éclairage sont jusqu'à deux fois plus coûteux que le chauffage. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les principales sources d'économie portent respectivement sur la production de froid, le bon asservissement du circulateur des chaudières individuelles au thermostat d'ambiance, l'utilisation de lampes à basse consommation, la suppression de la mise en veille d'appareils comme les téléviseurs ou les magnétoscopes ». Ce constat amène des gestionnaires d'HLM à recruter des « éco-ambassadeurs » chargés d'aider les locataires à mieux utiliser leurs appareils de chauffage ou électroménagers voire de les conseiller sur l'achat de matériels à faible consommation.

Réhabilitation lourde

D'autres solutions plus lourdes existent lorsqu'on se trouve en présence de logements anciens mais elles supposent une réhabilitation d'ensemble dont l'objectif n'est pas seulement d'abaisser les charges mais aussi d'améliorer le confort des locataires. Ainsi, une opération désormais classique consiste à doter l'immeuble d'une isolation. En général, elle est exécutée par l'extérieur pour des raisons de commodité. Elle est complétée par la mise en place de menuiseries équipées de doubles vitrages. Ces dispositions permettent de réduire notablement les déperditions énergétiques par les parois. Le changement de la chaudière, surtout si elle a plus d'une dizaine d'années d'âge, constitue un poste d'économie intéressant (voir tableau sur les économies potentielles p. 61). Un générateur à haut rendement ou mieux, à condensation, permet de réduire de plus de 20 % les consommations de chauffage.

Souvent, le chauffage électrique est incriminé mais son remplacement suppose une nouvelle installation pas toujours facile à mettre en place. Sans aller jusque-là, il existe des solutions pour améliorer ce mode de chauffage. Les nouveaux convecteurs disposent d'une sortie frontale, d'une régulation électronique et, parfois d'émetteurs rayonnants. Parallèlement, des systèmes de gestion sont capables de gérer l'intermittence de l'occupation en abaissant automatiquement la température. Des dispositifs complémentaires comme des délesteurs diminuent la puissance souscrite auprès du distributeur d'énergie.

En plus de l'énergie, l'eau constitue un autre poste de dépense dont le coût ne cesse d'augmenter. Il devient alors indispensable d'individualiser les consommations grâce à des compteurs. Leur rôle est avant tout de sensibiliser les occupants. On estime que la consommation d'eau par habitant et par an, en région parisienne, représente environ 150 m3 pour un coût unitaire de 14 francs TTC. Si la consommation d'eau s'est stabilisée, son prix, lui, ne cesse d'augmenter, notamment en raison du coût de traitement des eaux usées. Il existe des dispositifs économiseurs. Par exemple, pour les cuvettes des WC, des mécanismes permettent de choisir une chasse d'eau de 3 ou 6 l, suivant les besoins.

Selon le Centre scientifique et technique du bâtiment, un réservoir de 6 l au lieu de 9 l réduit déjà la consommation de 20 %. Si, de plus, on ajoute une double commande, l'économie d'eau pour une famille de 4 personnes atteint une centaine de litres par jour. Les mitigeurs, ou mieux des appareils thermostatiques, garantissent la température de l'eau désirée. Ils évitent donc de faire couler l'eau pendant le réglage d'autant que celle-ci est chauffée.

D'autres solutions existent. Ainsi, lors de la conception des installations, il faut réduire au minimum la distance des canalisations entre le point de production d'eau chaude et les points de consommation ou récupérer les eaux pluviales (voir l'expérimentation de Meillonnas page précédente).

TABLEAU : DES GAINS ENERGETIQUES IMPORTANTS Economies potentielles sur le chauffage et l'eau chaude sanitaire

Un générateur à haut rendement permet de réduire de plus de 20 % les consommations de chauffage.

GRAPHIQUE : ENERGIES UTILISEES POUR LE CHAUFFAGE ET L'EAU CHAUDE DANS LE PARC HLM.

Le chauffage est le plus souvent collectif

Points à examiner lors de la conception

Orienter les bâtiments judicieusement pour bénéficier de l'ensoleillement maximum (conception bioclimatique).

Renforcer l'isolation des parois (label HPE 3 ou 4 étoiles) et recherche de l'inertie pour absorber les fluctuations de température.

Choisir un mode de chauffage minimisant les consommations d'énergie ; utilisation de chaudières collectives à haut rendement, voire à condensation.

Veiller à la consommation électrique des services généraux (ascenseurs, VMC, éclairage...)

Diminuer les consommations électrodomestiques (interrupteur d'arrêt pour les appareils en veille, éclairage basse consommation, appareils de cuisson...)

Réduire à 6 l des chasses d'eau des WC et utiliser des mécanismes à double commande 3 l/6 l.

Utiliser des mitigeurs thermostatiques et réduire les distances de canalisation d'eau chaude.

Distribuer des livrets d'accueil pour aider les occupants à mieux se servir des appareils, voire organiser la visite d'un conseiller.

POUR EN SAVOIR

PLUS...

Séminaires

Le Comité de liaison des énergies renouvelables a organisé un séminaire sur la maîtrise de l'énergie dans les logements sociaux. Cler, 28 rue Basfroi, 75011 Paris. Tél. : 01.46.59.04.44.

Ouvrages de référence

Cabinet Olivier Sidler : « Logements à faibles besoins en énergie, région Rhône-Alpes, Ademe, conseil général de Savoie, ODH 26. « Synthèse des campagnes de mesures sur les usages électriques spécifiques », Communauté européenne et Ademe.

Actes du colloque organisé par EDF, le CFE et l'Ademe sur « La maîtrise de la demande d'électricité », les 25 et 26 nov. 1997 à Paris.

« Les énergies renouvelables en Ile-de-France - Architecture climatique », rédigé par le Cler pour le compte de l'Agence régionale de l'environnement et des nouvelles énergies en Ile-de-France. Arene, 6 rue Monsieur, 75007 Paris. Tél. : 01.53.85.61.75.

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